Privée de cantine parce qu’elle ne veut pas manger de porc
La cantine de l’école publique de La Roche-Posay (Vienne) ne servira plus de repas sans porc à Candice quand il y en aura au menu. La mère de la fillette s’insurge.
La décision de Pascale Moreau, maire de La Roche-Posay, est-elle discriminante vis-à-vis de Candice, comme l’affirme sa mère ? Toujours est-il que, sur ses instructions, la cantine de l’école Claire Fontaine (la seule école publique de la commune) ne servira plus de repas sans porc à la fillette les jours où il y en aura au menu.
Fawzia Benafla est commerçante sur la commune depuis une dizaine d’années (elle est aujourd’hui à la tête de trois établissements). De confession musulmane, elle ne mange pas de porc. Et ses trois filles « ont été élevées comme ça ».
« En plus, c’est moi qui paye la cantine ! »
Quand les deux plus grandes ont été scolarisées dans cette école, René Barré, le maire de l’époque, avait fait en sorte qu’elles puissent s’y restaurer dans le respect de leur culture. Un traitement dont leur cadette, fruit d’une autre union que ses deux sœurs, bénéficiait aussi depuis quatre ans.
Seulement voilà. « Le papa (NDLR : dont Fawzia Benafla est séparée depuis quelques années) a apparemment fait un courrier à Mme Moreau en disant « J’aimerais que ma fille mange du cochon » », explique la commerçante. Et, mardi, elle a reçu un courrier en recommandé de la mairie signé de la main de Pascale Moreau lui indiquant « que des instructions seront données à la cantine pour que seuls des menus particuliers liés à la santé des enfants (allergies alimentaires, prise de médicaments…) seront servis à la cantine » et qu’elle devra désormais « prendre toute disposition pour l’inscription de (sa) fille à la cantine scolaire les jours où du porc est au menu »… Une mesure qui a pris effet dès hier.
« Pourquoi la mairie prend en compte son avis à lui ? Mme Moreau dit dans son courrier qu’elle ne prend pas parti, mais, en fait, elle prend parti ! », éructe la mère de famille, qui précise que c’est elle qui a la garde de Candice. « En plus, c’est moi qui paye la cantine ! »
Fawzia Benafla, qui se dit « révoltée », demande la « réintégration » de sa fille au réfectoire « dans les mêmes conditions qu’avant ».
A sa demande, elle rencontrera le maire aujourd’hui. Si elle ne devait pas obtenir satisfaction, elle prévient : elle n’hésitera pas à « déposer plainte » !
à chaud
» Je ne ferai plus de cas d’espèce ! «
« Mme Benafla n’a pas honoré un premier rendez-vous et elle n’a jamais donné signe de vie ensuite ! », se justifie Pascale Moreau, jointe hier par téléphone. Elle rappelle aussi que « l’organisation de la restauration scolaire relève de l’autorité communale ». Mais, derrière sa décision, se cache surtout un choix politique.
« La Roche-Posay est loin de faire du sectarisme », assure-t-elle. Mais elle l’admet : elle n’acceptera plus que la cantine de l’école serve des repas différenciés à des enfants « pour des préceptes religieux ». Et elle prévient : « Je ne ferai plus de cas d’espèce ! ».