
Marine Le Pen vise à présent la Bretagne, où elle était en déplacement ce samedi. Vous pensez que son parti a une réelle possibilité de progression là-bas?
Le FN a globalement une marge de progression immense dans tout l’ouest. Et ce parti l’a bien compris. Les représentations de la France d’hier, tout comme la géographie électorale d’hier, sont en train de s’effacer. C’est la conséquence de la reconstruction sociale mais aussi économique des territoires. Aujourd’hui, il y a deux France, celle des métropoles, en phase avec la mondialisation, qui inclut les banlieues, et celle où se redéploient les nouvelles classes populaires. Des zones rurales, des petites villes, des petits villages, certaines zones périurbaines. Cela forme la France périphérique, où progresse le vote FN. Cette fracture touche à présent toutes les régions, y compris la Bretagne.
C’est la crise qui accélère ce processus?
Ce qui vient de se produire en Bretagne est assez représentatif. Quand une entreprise du centre de la région vient à fermer, c’est le chômage total qui arrive. Dans cette France périphérique qui pèse 60% de la population, les mobilités sociale et résidentielle sont en train de s’effondrer. Compte tenu des logiques foncières et économiques, les gens sont coincés. Et c’est ce qui génère la radicalisation.