Francaisdefrance's Blog

08/02/2011

Entretien avec Marine Le Pen…

Tu iras loin, Marine, tu iras loin… J’en connais qui ont intérêt à s’accrocher ferme à leurs fauteuils dorés…

FDF

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Cet entretien est paru dans le dernier numéro de l’hebdomadaire Le Point.Le Point : L’écrivain Céline a été retiré de la liste des célébrations nationales de 2011. Regrettez-vous cette décision ?  

Marine Le Pen : Elle est absurde ! J’attends maintenant qu’on interdise ses livres à la vente. Nul n’ignore les écrits antisémites de Céline, mais nul n’ignore non plus qu’il est un des plus grands écrivains français. En prenant cette décision, Frédéric Mitterrand, ministre de la République, se soumet à une exigence communautaire. Retirer Céline de cette liste est la négation même du patrimoine littéraire français. Nous aurions pu profiter de ces commémorations pour lancer, justement, un débat sur la distinction entre un auteur et son œuvre. Plus jeune, j’étais au lycée Florent-Schmitt qui a été débaptisé car on l’a suspecté d’avoir eu des accointances enver les nazis. Le lycée a été rebaptisé Alexandre Dumas… Dans notre histoire, il y a des choses glorieuses et d’autres qui le sont moins, certes, mais je trouve appauvrissant cet inventaire perpétuel au titre de la bien-pensance.

Dans le préambule de cette liste de célébrations, il est question des valeurs de la République. Céline, par ses écrits, s’en est écarté.

Ce préambule est débile. On ne commémore pas des écrivains parce qu’ils incarnent les valeurs de la France, mais parce qu’ils in­carnent le génie de la France.

Serge Klarsfeld est à l’origine de ce retrait. Pensez-vous, comme Alain Finkielkraut, que cela risque d’accréditer l’idée qu’un « lobby juif fait la pluie et le beau temps » ?

Je n’irai pas jusque-là, mais cela accrédite l’idée qu’il y a, en France, des associations qui ont un pouvoir excessif sur les choix et les orientations des ministres. En tant que républicaine, je ne me rendrai jamais, par exemple, au dîner du CRIF. Un gouvernement qui se rend à un diner communautaire – pour recevoir au passage des leçons de politique étrangère -, cela me choque énormément. Les politiques cèdent à cette tendance par pur clientélisme.

La France est-elle encore une terre de débat ?

La loi est le problème. Figurez-vous que la loi sur la diffamation raciale interdit à Eric Zemmour d’apporter la preuve de la vérité de son propos. Je suis moi-même poursuivie pour mes déclarations sur les prières de rue des musulmans par SOS-Racisme, dont le président, lorsqu’un clandestin est arrêté, n’a de cesse de parler d’une « rafle ». La France, patrie de la liberté et des droits de l’homme, n’existe plus. Le seul jugement qui vaille quand on fait de la politique est celui des électeurs, et non la plainte des associations. Pour cette raison, j’ai refusé de hurler avec les loups après la condamnation de Brice Hortefeux pour ses propos sur les « Auvergnats ».

Ne pensez-vous pas qu’un responsable politique se doit, plus qu’un autre, de peser ses mots ?

Personnellement, je dis les choses. Je prends des risques, sans crainte des poursuites. Beaucoup de Français s’élèvent contre cette absence de débat et contre ce terrorisme intellectuel. Tant que Jean-Marie Le Pen était poursuivi, les gens s’en indignaient, mais ce n’était pas grave. Mais quand des journalistes sont convoqués devant des tribunaux, tout comme des ministres, les Français commencent à trouver ces poursuites choquantes. Jean-Marie Le Pen a dit : « Il y aura 20 millions de musulmans en France et les Français descendront du trottoir et baisseront les yeux. » On peut ne pas être d’accord, mais mérite-t-il pour cela d’être condamné à de la prison avec sursis ?

Au-delà de la loi et de ce « terrorisme Intellectuel », ne croyez-vous pas que l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, de l’esclavage ou du colonialisme, a marqué les consciences et développé une sensibilité particulière sur ces questions ?

L’Histoire a d’abord permis de culpabiliser les Français au-delà du raisonnable. On leur a expliqué qu’ils étaient des salauds, des colonisateurs, des esclavagistes… à ce titre, ils devaient abandonner leurs réflexes de survie et accepter, par exemple, une immigration insupportable. On a fait de l’histoire une bombe à retardement. Quand on entend des jeunes de banlieue exprimer un sentiment de revanche vis-à-vis de la France, on peut s’en inquiéter.

Qui leur aurait inculqué cet esprit de revanche ?

La classe politique et l’école. On peut changer beaucoup de comportements, mais on peut difficilement changer les cœurs. Quand on introduit dans des cœurs la haine, la revanche et la vengeance, il est ensuite difficile de les extirper. Le danger est là et ce sera notre souci de demain.

Les condamnez-vous à porter perpétuellement dans leur cœur cette supposée haine de la France ?

Je le ne les y condamne pas. Ce qui peut les sauver, c’est la préférence nationale. Leur dire : parce que vous êtes français, vous aurez des avantages, vous serez mieux traités que ceux qui ne le sont pas. C’est une démarche vers l’apaisement.

Les intellectuels ont-ils encore un pouvoir social dans notre pays ?

Non. Je pense que les élites intellectuelles sont totalement déconnectées. C’est si vrai que, lorsqu’elles se reconnectent, elles ont un succès fou. Lorsque les élites sortent de la pensée unique, elles ont immédiatement l’oreille du peuple.

La religion est devenue secondaire dans notre société matérialiste et court-termiste. Regrettez-vous la perte de spiritualité ?

Je le déplore. Je déplore aussi la déchristianisation de la France. Mais cela ne s’explique pas uniquement par la perte d’influence du religieux. C’est la soumission à la culture anglo-saxonne qui a accéléré ce phénomène. Je crois que cette société consumériste, où tout est à vendre et où tout est à acheter, est en profonde inadéquation avec la culture française. En cela, l’élection présidentielle de 2012 sera un vote de civilisation plus qu’un simple choix politique.

Avez-vous vu« Des hommes et des dieux » ? Comment analysez-vous le succès de ce film ?

Je ne l’ai pas vu. Cependant, je le mets en perspective avec le succès d’une série d’autres films français : « Amélie Poulain », « Les choristes », « Bienvenue chez les Ch’tis »… N’est -ce pas là une fantastique nostalgie de la part des Français ? On pourrait penser que c’est une nostalgie de l’ancien. Or il n’en est rien, c’est une nostalgie de nos valeurs de civilisation qui sont en voie de délitement : l’élévation, la droiture, la spiritualité, la générosité, la courtoisie…

C’est quoi, pour vous, la réussite ?

C’est apporter quelque chose à l’autre mettre son existence au service de l’autre.

Si on vous dit Mai 68…

Mai 68 a promu l’individualisme. Un individualisme qui a bouleversé les fondements de notre société. Le désir d’un individu est considéré comme supérieur à l’intérêt du groupe. On en voit encore aujourd’hui les conséquences avec les revendications communautaristes  ou les demandes de mariage homosexuel. La pensée 68 dit : « Les filles sont libres. Libres à tel point qu’elles ont le droit de porter la burqa. » Mai 68 a été un événement destructeur de la société.

Contrairement à vous, la gauche ne se réfère plus à Jaurès… Qu’est-ce qui vous séduit tant chez le père du socialisme ?

La gauche a d’abord abandonné la défense du peuple pour être le défenseur de toutes les minorités au nom de l’individualisme. La gauche sectorise, segmente. On me conteste la citation de Jaurès : « La patrie est le bien de ceux qui n’ont plus rien. » La gauche jauressienne avait une vision nationale. C’est cette vision qui a disparu,comme le sentiment d’appartenir à un peuple, d’être lié à lui, d’assumer son histoire et de préparer son avenir. Si Mélenchon a un petit succès aujourd’hui, c’est parce qu’il a bien compris cette déconnexion. Si bien qu’il a pris comme titre de son dernier livre un quasi-slogan de Poujade …

Auriez-vous pu, comme votre père, vous ranger derrière Pierre Poujade ?

Pierre Poujade avait une vision catégorielle de la vie politique. Je suis au-delà de la défense catégorielle. Quand on me demande ce que je veux pour les femmes, je réponds toujours par ce que je veux pour les Français.

On vous découvre jauressienne, mais aussi gaullienne !

De Gaulle avait réussi à rendre au peuple sa fierté. Seulement, il n’a pas eu à subir quarante ans de lavage de cerveau, qui nous conduit aujourd’hui à fêter les défaites et à occulter les victoires. On a retiré au peuple français l’estime de lui-même, c’est le problème.

Qui était François Mitterrand ?

[Elle hésite longuement] Un margoulin ! Oui, un margoulin doté d’une immense culture et qui portait en lui cette notion de la grandeur de la France. Une notion qui est la marque des grands dirigeants. C’est pour cette raison qu’il a refusé de reconnaitre, contrairement à Jacques Chirac, la participation de l’État français dans la déportation des juifs. Non par antisémitisme, mais parce qu’il était convaincu que la France n’avait pas de responsabilité. Le gouvernement de Vichy, oui ; la France, non !

Si le Front national arrivait au pouvoir en 2012, reviendriez-vous sur la parole de Chirac ?

Je viens de vous dire ma conviction ; après, ce sont des paroles et on ne reviendra pas sur des paroles. Je pense simplement que la France doit être réhabilitée.

Êtes-vous favorable à une Maison de l’histoire de France ?

C’est de l’enfumage ! Mais je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas le droit de faire une Maison de l’histoire de France.

Pour y dire quoi ? Que dire, par exemple, de la colonisation ? Bonne ou mauvaise ?

On peut y exprimer les faits tels qu’ils se sont déroulés, ensuite chacun est libre d’en faire une analyse. Chacun a le droit d’avoir son point de vue. On peut envisager objectivement la colonisation dans ses aspects positif. Comme dans ses aspects négatifs. On doit pouvoir dire qu’elle a permis la construc­tion d’infrastructures, de meil­leures conditions sanitaires, sans immédiatement être poursuivi par les Indigènes de la République.

Les Français sont les héritiers de la Révolution française. Qu’est-ce que cela induit dans leur comportement ? Ont-ils une capacité à la révolte ?

Les Français sont les héritiers du 14 juillet 1789 et du 15 août. La France n’est pas morte en 1789 et elle n’est pas née en 1789. Il y a une continuité dans les valeurs, qui sont les valeurs de la chrétienté. Oui, le peuple français est incontestablement sujet à la révolte, parfois brutalement. Voltaire disait : « Les Français sont un peuple léger et cruel ». Nos dirigeants l’ont oublié.

La révolte dont vous parlez s’est hélas peu vue en 1940…

Qu’en sait-on ? Que savons-nous de ces milliers – peut-être de ces millions – de petits résistants qui ont subi cette occupation avec la rage au ventre ? En outre, tout le monde n’avait pas les moyens intellectuels, physiques et de caractère pour exprimer une opposition ou pour entrer dans un réseau de résistance. Qu’en savons-nous ? Je ne supporte plus d’entendre dire que les Français ont été des collabos ! Combien de gamins de 14 ans ont gardé chez eux une arme sans craindre d’être fusillés pour cela ? Et il y a eu quelques salauds, bien sûr. Mais je prends tout dans l’histoire de France, ses grandeurs comme ses faiblesses, ses moments de génie comme ses moments de barbarie.

Quand on vous interroge sur la Seconde Guerre mondiale, vous répondez que c’est une époque que vous n’avez pas vécue. Craignez-vous les pièges ?

Je pense que, lorsqu’on est un responsable politique, on se doit de réserver l’ensemble de son énergie aux préoccupations actuelles et ne pas se perdre dans des polémiques sur ce qu’il aurait fallu faire ou ne pas faire en telle année. J’ai souvent reproché à ma famille de pensée de refaire la guerre d’hier. On peut avoir une vision de la guerre d’hier sans la refaire.

Après la Seconde Guerre mondiale, la communauté internationale a déclaré « Plus jamais ça ». L’histoire pourrait se répéter, selon vous ?

Personne n’est à l’abri de la guerre. Ce n’est pas l’Union européenne qui préserve de la guerre, mais d’abord ce que fut la réalité de la Seconde Guerre mondiale, l’étendue du désastre, l’étendue de la barbarie. Voilà ce qui nous préserve de la guerre.

Lorsque vous étiez conseillère régionale d’ile-de-France, vous avez déposé un amendement au nom du groupe FN afin d’accompagner les groupes scolaires à Auschwitz. Surprenant…

C’était un amendement de principe. Je trouvais inadmissible que mon groupe ne participe pas à ces déplacements. C’est un problème de démocratie. Ostraciser un parti politique avec le sous-entendu qu’il est antisémite ou nazi est pour moi insoutenable. Je ne me sens aucune filiation avec ce que fut l’armée allemande. Je n’ai aucune fascination, aucun sentiment vis-à-vis d’elle. Cette armée a assassiné nos pères et nos frères, je ne l’oublie pas. Et tous ceux qui font preuve d’ambiguïté sur le sujet m’agacent au plus haut point.

Comme ceux qui font preuve d’ambiguïté sur la Shoah ?

Oui, ils m’agacent de la même manière. C’est absurde.

On vous sent prête à vous engager dans un travail mémoriel…

Je n’ai pas à faire de travail de mémoire. Tout le monde sait ce qui s’est passé dans les camps et dans quelles conditions. Ce qui s’y est passé est le summum de la barbarie. Et, croyez-moi, cette barbarie, je l’ai bien en mémoire.

Cela vous blesse d’être parfois présentée comme une fille inculte ?

Jeanne d’Arc ne savait ni lire ni écrire

Source: http://www.nationspresse.info/?p=122713#more-122713