Francaisdefrance's Blog

06/12/2011

Monde Arabe: le despotisme des dictateurs remplacé par celui des islamistes…

Bénissons Allah: une nouvelle secte vient de naître: les musulmans démocrates. Après les musulmans modérés, les musulmans intégristes, voici donc cette nouvelle branche du terrorisme mondial. Des muzz démocrates…

Antinomique, non ?

FDF

L’Hydre va renaître…

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Dessin de Dilem paru dans Liberté, Algérie.

Dessin de Dilem

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Le quotidien des Emirats évoque les raisons qui justifient ces craintes, ravivées par les premiers résultats des élections égyptiennes. Mais il note aussi une évolution positive vers des partis “musulmans-démocrates”.

Des voix de plus en plus nombreuses dans le monde arabe, mais aussi en Occident et dans les médias, s’inquiètent du possible remplacement du despotisme militaire des anciens régimes par un despotisme islamiste. Dans un pays comme la Tunisie, les islamistes ont remporté un peu plus de 40 % des sièges au Parlement, dans des élections dont personne ne conteste la sincérité. En Egypte, ils pourraient même en obtenir davantage [au premier tour des élections législatives, les listes islamistes ont obtenu 65 % des voix, réparties entre les Frères musulmans, 36,62 %, et les salafistes, 24,36 %].

Il y a de quoi justifier ces craintes. Les islamistes du monde arabe ne sont pas connus pour leur fibre démocratique. Historiquement, on peut même les classer comme totalitaires, influencés dès leur naissance par les mouvements fascistes européens. En Egypte, à l’époque de leur fondateur, Hassan Al-Banna, les Frères musulmans avaient pour mot d’ordre « Le Coran est notre Constitution« , pour marquer leurs réserves vis-à-vis des Constitutions occidentales. C’était bien avant que [le penseur islamiste égyptien exécuté en 1966] Sayyid Qutb ne développe la théorie de la hakimiya [la souveraineté de Dieu, par opposition à la souveraineté populaire] et de l’excommunication de ceux qui ne pensent pas comme lui. Ces théories ont plus tard inspiré des mouvements radicaux, comme Al-Qaida. Dans les années 1940, les Frères égyptiens ont versé dans le terrorisme, jusqu’à commettre une tentative d’assassinat contre Gamal Abdel Nasser en 1954, ce qui leur a ensuite valu de subir une répression.

Il suffit de rappeler qu’en Tunisie les islamistes ont lancé de l’acide sur les jambes de filles « impudiques » à l’université [dans les années 1980] et qu’en Syrie ils ont éliminé des cadres civils alaouites et commis des crimes à Hama en 1982, ce qui a préludé au massacre de la troisième ville de Syrie par le régime baasiste. Qui plus est, les islamistes, que ce soit en Egypte ou ailleurs, ne sont pas connus pour la défense des valeurs des Lumières en ce qui concerne les minorités religieuses ou les droits de la femme. Chaque fois qu’ils essaient de réviser leurs positions dans ces domaines, ils s’embrouillent un peu plus dans leurs contradictions. Si la question des droits de la femme est importante partout, celle concernant les minorités acquiert une importance particulière au Proche-Orient. En Syrie, où la dictature militaire a coïncidé avec un facteur confessionnel et minoritaire [le régime alaouite des baasistes], les ressentiments accumulés des décennies durant sont susceptibles, s’ils devaient s’exacerber, de détruire ce qui reste de cohésion nationale.

Mais d’autres facteurs sont plutôt rassurants. Car l’islam politique se trouve aujourd’hui dans une phase « post-Al-Qaida ». Et les autres formes de l’islam militant elles aussi ont connu un échec retentissant, comme dans le Soudan d’El-Béchir, l’Iran de Khomeyni et l’Afghanistan des talibans. Au lieu de quoi, c’est le modèle d’un islamisme allégé tel qu’il est pratiqué en Turquie qui sert de référence aux forces politiques arabes. Et ce modèle a réussi à concilier l’inspiration islamique, la démocratie parlementaire, l’appartenance à l’Otan et l’aspiration à intégrer l’Union européenne. Sans préjuger des chances de voir ce modèle turc s’appliquer dans le monde arabe et sans se prononcer sur la sincérité des déclarations d’intention, de plus en plus de gens parlent de partis « musulmans-démocrates » comme on parle de partis « chrétiens-démocrates » en Europe, misant davantage sur l’aspect culturel et éducatif.

A cela s’ajoute le rôle récent de l’Occident. L’expérience de l’Otan en Libye, soutenue par un pays musulman, la Turquie, a montré que l’Occident pouvait exercer une influence de manière positive. Aujourd’hui, au sein de l’opposition syrienne, les islamistes sont parmi les principaux demandeurs d’une protection [étrangère] des civils. Cela permet de parier sur un changement profond de la mentalité islamiste. Car la première chose dont les révolutions ont attesté, c’est que l’ennemi n’était plus l’étranger lointain, mais le tyran proche. Un tel environnement, davantage marqué par la confiance que par la suspicion, apaisera des sources de tensions [entre Islam et Occident] qui furent amplement exploitées par le passé.

D’autres évolutions positives au sein de la mouvance islamiste n’auront pas échappé aux spécialistes de l’islam politique, tels que les contacts établis durant les révoltes avec les libéraux, la gauche, les femmes et les chrétiens, ce qui ouvre sur un univers mental plus vaste que celui d’une cellule vivant dans le secret et obéissant à des règles indiscutables. A cela s’ajoute l’apparition de voix diverses et discordantes au sein même de cette mouvance.

Bref, on se trouve face à des éléments contradictoires et on ne saurait prédire l’avenir. Inutile d’ajouter que tous les islamistes n’auront pas les mêmes attitudes et que les pays où ils gouverneront n’adopteront pas la même ligne.

Source: http://www.courrierinternational.com/