« La candidate du Front National maîtrise la mise en scène. Arrivée les bras ouverts à la manière de son père, discours en mouvement détachée du pupitre, effet de scène, interpellation fréquente de l’assistance et conclusion entourée d’enfants. Dans son registre, elle a hier à Toulouse devant un petit millier de personnes, défendu sa position de candidate antisystème. Elle s’est pour cela largement appuyée sur la presse dominicale.
La une du Journal du Dimanche : « Quel aveu du système ! La classe politique a fait un rêve ! »
La une du Journal du Dimanche du 5 février lui a assuré une entrée en matière toute trouvée. « Si elle n’est pas là… » titrait l’hebdomadaire. « Quel aveu du système ! La classe politique a fait un rêve ! », lance Marine Le Pen. Elle enchaîne sur une classe politique qui l’accuse de bluffer au sujet des parrainages et qui essaie de « nous faire passer pour des menteurs ». « Plus jamais vous n’autoriserez un membre de cette clique à vous donner des leçons de démocratie. Ils n’ont pas peur de moi. C’est vous, peuple de France, qu’ils cherchent à faire taire ! ». Voilà pour la revue de presse. Quelques instants plus tard, après avoir lu un passage de la Constitution, elle la déchire et la jette au sol pour symboliser l’attitude de « l’establishment » qui ne respecte pas ses principes. Devant un fond de scène représentant Toulouse, elle ponctue d’un : « Une Ville Rose dans une France bleue Marine, voilà ce que je veux ».
Par quelle perversion du cœur et de l’esprit devrions-nous oublier que les Français sont chez eux en France ? Nous avons le droit que la France reste la France
Dans le premier temps de son discours, Marine Le Pen mouille droite et gauche sur le plan économique, les tenant pour responsables de la dérèglementation du système bancaire, de la privatisation de grandes entreprises et en somme d’avoir « remis les clés de la France aux financiers ». La candidate du Front National n’accepte pas non plus la « soumission à des puissances étrangères » comme le Qatar. « Ils font des courbettes aux Emirs, se soumettent à un pays qui finance des djihadistes en Syrie et en Lybie et il faudrait le laisser investir dans nos banlieues ? » Face à ses adversaires pieds et poings liés, elle s’affirme comme une candidate « libre ». « Je terrorise le système par ma franchise », juge-t-elle.
Discours sur l’ordre et la sécurité, au pupitre cette fois
La « soumission aux maîtres de la finance » laisse place par la suite à un discours plus programmatique sur les marqueurs traditionnels de la sécurité et de l’ordre. La candidate ne quitte plus alors le pupitre. « Rien n’a changé en matière de lutte contre le désordre. Je veux rétablir l’ordre républicain partout sur le territoire et en finir avec le laxisme. » Faisant de la sécurité et de la justice ses priorités, la candidate a alors évoqué sa volonté d’instaurer l’injonction civile interdisant « aux voyous de revenir sur les lieux de leurs forfaits » et de démanteler les bandes. Mais elle a aussi fustigé au plan économique un trop grand nombre de règles qui « tuent la volonté d’entreprendre » et « la flexibilité du travail qui est un piège ». Evoquant la situation des jeunes, elle propose « un chèque premier logement » pour ceux voulant accéder à la propriété pour la première fois.
Marine Le Pen a bouclé son meeting toulousain sur les valeurs et le patriotisme en s’érigeant en libératrice. Pointant « l’abandon de la laïcité », elle a estimé que « nous devons être fiers de notre histoire, de notre culture ». Avant de demander : « Par quelle perversion du cœur et de l’esprit devrions-nous oublier que les Français sont chez eux en France ? Nous avons le droit que la France reste la France ». »
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