
Avec un slogan pareil, ça devrait cartonner chez nos amis Suisse. Selon les résultats de la votation, il y en a qui devront prendre exemple…
FDF
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La droite nationaliste (UDC) est la grande favorite des législatives du 23 octobre. Son mot d’ordre rassemble : “Stopper l’immigration massive”.
Les populistes “prennent l’ascenseur”. À la veille des législatives de ce 23 octobre, cette expression suisse revient dans tous les journaux. Regroupée au sein de l’Union démocratique du centre (UDC) de Toni Brunner, la droite nationaliste a le vent en poupe. Le dernier sondage de la campagne lui donnait 29,3 % des suffrages, ce qui pourrait faire de l’UDC la première formation politique suisse à franchir la barre mythique des 30 % depuis 1919, date de l’introduction du suffrage proportionnel.
Les autres partis seraient loin derrière : 19,9 % des voix pour les socialistes, devant le Parti libéral-radical (15,2 %), le Parti démocrate-chrétien (14,2 %) et les Verts (9,3 %). Une fois élus, les nouveaux députés devront ensuite désigner, le 14 décembre, les sept membres du Conseil fédéral, l’exécutif suisse. Sous l’influence des populistes, ce nouveau Conseil pourrait modifier en profondeur la politique de la Suisse.
Fondée en 1971, l’UDC a longtemps plafonné autour de 11 % des voix. Son opposition à l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen, lors du référendum de 1992, marque le début de son ascension, comme le montrent ses résultats électoraux : 15 % en 1995, 22,5 en 1999, 26,7 en 2003, 28,9 en 2007. Depuis ce dernier scrutin, l’UDC a enregistré d’autres succès retentissants.
Le 29 novembre 2009, sa proposition d’interdire la construction de minarets était approuvée par référendum : 57,5 %. Le 28 novembre 2010, les Suisses disaient oui à 52,9 % à l’expulsion de criminels ou de délinquants étrangers, mesure applicable aussi aux fraudeurs aux prestations sociales. Le 28 septembre dernier, les députés votaient une motion intitulée “Bas les masques”, présentée par le député UDC Oskar Freysinger. Elle vise à interdire le port de la burqa dans certains lieux publics et les transports en commun.
Moins audible sur de nouveaux thèmes de campagne – la crise de l’euro et le débat sur le nucléaire – , l’UDC s’est relancée grâce à deux décisions ré centes. En septembre, la Banque nationale décidait d’arrimer le franc suisse à l’euro, pour en finir avec une monnaie trop forte. Puis les députés votaient l’abandon définitif du nucléaire, à partir de 2034. Du coup, le débat s’est reporté sur l’immigration, cheval de bataille des populistes.
Son programme à ce sujet tient en trois points : le refus de toute adhésion à l’Union, le renvoi des criminels étrangers, l’arrêt de l’immigration massive. Ce thème a même remplacé celui de la réduction des impôts. « Nous avons le sentiment que ce qui préoccupe le plus les gens en ce moment, c’est l’immigration », analyse l’élu UDC Christoph Mörgeli. Ce 17 octobre, le parti annonçait avoir réuni assez de signatures pour organiser un référendum “contre l’immigration de masse”.
Il est vrai que c’est le pays européen qui compte la plus forte proportion d’étrangers sur son sol : 1,7 million de personnes, 22 % de la population. Ce ratio ne cesse de croître. Les statistiques récentes publiées par l’Office fédéral des migrations montrent que la population étrangère a encore augmenté de 2,9 % en un an. Les nouveaux immigrés proviennent majoritairement du Kosovo et des États de l’Union européenne.
Même l’“immigration qualifiée” suscite de nouveaux problèmes
L’UDC attribue ce phénomène aux accords européens de libre circulation, notamment ceux de Schengen entrés en vigueur en Suisse en 2008. Dans le Tessin, la Ligue des Tessinois, victorieuse des élections cantonales du 10 avril (30 % des voix), les rejette. Elle réclame « la construction d’un mur entre la Suisse et l’Italie » pour bloquer les 13 000 travailleurs transfrontaliers.
« Plus il y a de gens en Suisse et plus l’État a besoin d’infirmières ou d’enseignants, relève Toni Brunner, le chef de l’UDC. Dit de façon un peu caricaturale, les immigrés viennent en Suisse s’occuper d’autres immigrés. » La proportion de diplômés universitaires parmi les étrangers, passée de 21 à 56 % en quinze ans, est aussi une source d’inquiétude, comme le constate le journal le Temps : « Cette immigration qualifiée apporte de nouveaux problèmes : compétition accrue pour l’espace et le logement, flambée des prix de l’immobilier, engorgement des infrastructures… »
Michel Arnaud
Source: http://www.valeursactuelles.com/