.



Par Pierre Tucoo-Chala
Version de Poche
Paru le 13/05/2000 (1ère édition juin 1994)
Editeur J & D, 18 rue de Folin, 64200 Biarritz
ISBN 2-84127-158-7
EAN 9782841271580
203 pages (11cm x 17cm x 1,6cm / 210 g)
Prix public : 11,43 €
Ce livre raconte un grand moment de l’histoire des Pyrénées et de la France méridionale. Il commence au XIe siècle avec le grand effort de l’Occident pour se dégager de l’emprise de l’Islam, effort symbolisé par la figure du vicomte de Béarn, Gaston le Croisé, qui entra dans Jérusalem puis dans Saragosse. Sa vie a un parfum d’épopée comme celle de son contemporain, le Cid Campeador. L’histoire s’achève au XIIIe siècle dans le sang versé lors de la bataille de Muret, point culminant de la terrible crise que fut la Croisade des Albigeois.
Le couple Béarn-Aragon est au cœur de cette histoire qui est aussi celle des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, laboratoire d’échanges artistiques, littéraires, juridiques, économiques. L’achèvement de la Reconquista du bassin de l’Ebre permit à l’Aragon uni à la Catalogne de mettre en place un Etat à cheval sur les deux versants des Pyrénées.
Ce livre replace également dans son contexte historique cette chaîne extraordinaire de châteaux, de murailles, de cathédrales, d’églises rurales qui, dans des sites splendides, sont autant de lieux gardant la mémoire de ces temps tumultueux où l’Islam était aux portes des Pyrénées. Ces Pyrénées qui, loin de les séparer, unissaient les populations vivant sur ses deux versants.
Pierre Tucoo-Chala est agrégé de l’Université et Docteur ès lettres.
Eminent médiéviste, il enseigna à la Faculté des Lettres de Bordeaux, puis contribua à la création de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, dont il est professeur émérite. |
Existe aussi en version normale (24 x 15,6 x 2,8cm) :


Cette édition est disponible, neuve, chez l’éditeur ATLANTICA-Séguier.
Pour acheter d’occasion, voir les liens vers les libraires et bouquinistes en fin d’article.
Sommaire
(En gris clair sont indiqué les pages qui ne figurent pas dans l’édition de poche)
Préface
Bibliographie
Islam ibérique, Pyrénées et Aquitaine vers la fin du Xl° siècle
– Les grandes aires de civilisation
– Al-Andalus
– Aragon chrétien et musulman
– La formation de la vicomte de Béarn
– Les premiers chocs
– L’œuvre de Sanche-Ramirez d’Aragon
– La prise de Huesca par Pierre l » d’Aragon
Gaston de Béarn, un croisé exemplaire
– La prédication de la Première Croisade
– De Morlàas à Constantinople
– Le Proche-Orient vers la fin du XI° siècle
– Les forces en présence de Constantinople à Antioche
– La prise de Jérusalem à la bataille d’Ascalon et au retour de Gaston le Croisé
Gaston le Croisé et Alphonse le Batailleur à l’assaut de Saragosse
– Gaston le Croisé en Béarn
– La fin du règne de Pierre l » d’Aragon
– Les débuts d’Alphonse le Batailleur
– Premières interventions de Gaston de Béarn en Aragon
– Siège et prise de Saragosse
– La convention de capitulation
Le temps des chevauchées : victoires, défaites et morts
– La prise de Tudèle
– La bataille de Cutanda et ses conséquences
– Les chevaliers de Monréal et de Belchit
– La chevauchée andalouse
– La mort de Gaston le Croisé
– Fraga et la mort d’Alphonse le Batailleur
– Eglise militante, église triomphante
Béarn et Aquitaine entre les Couronnes de France, d’Angleterre, d’Aragon au temps de l’Espagne Almohade
– La succession du Batailleur
– La maison de Barcelone
– L’achèvement de la reconquête dans le bassin de l’Ebre
– L’hommage des Béarnais à l’Aragon : Canftanc
– Les premiers conflits autour de Toulouse
– L’hommage de Huesca
– Une grande famille catalane : les Moncade
Droit et société au temps des Fors de Béarn
– Chronologie des Fors de Béarn
– La noblesse en Béarn
– La paysannerie libre en Béarn
– Violences et procédure
– Les chemins vicomtaux et le droit
Les chemins de Saint-Jacques et l’intégration des Pyrénées-Occidentales dans l’Europe
– Les itinéraires dans Adour-Pyrénées
– Sainte-Christine du Somport
– Un réseau d’accueil en Béarn
– Notre-Dame de Roncevaux
– Chapitres de chanoines et confréries
– Marchands et colons
– Les débuts de l’art roman dans les Pyrénées-Occidentales : chronologie
– Un relais en Béarn : Lacommande d’Aubertin
– Influences stylistiques complexes : de la cathédrale de Lescar à celle d’Oloron
– Archéologie et géologie
Le temps de la Croisade contre les Almohades et les Albigeois (1196-1229)
– Pierre II d’Aragon en lutte sur deux fronts : Las Navas de Tolosa
– Triomphe et mort de Pierre II : Muret
– La politique de Guillaume-Raymond de Moncade
– L’assaut contre les Baléares et la mort de Guillaume II de Moncade
– Vers une nouvelle Europe
– Bibliographie Dans le véritable océan de livres suscité par l’hérésie Cathare et la croisade des Albigeois, il suffit renvoyer au travail de Michel Roquebert, L’épopée cathare, Toulouse, Privat, 4 volumes publiés de 1970 à 1989. Sur les rapports entre les Chrétiens et les musulmans qui eux aussi ont fait l’objet de multiples ouvrages, la meilleure synthèse à la portée des non-spécialistes est celle de Joseph Pérez dans l’Histoire, n°137 « Chrétiens, Juifs et Musulmans en Espagne, le mythe de la tolérance religieuse, VIIIe-XVe siècles »
Légende, littérature et histoire
– Le destin posthume de Gaston le Croisé
– Le souvenir des Moncade
– L’oliphant de Gaston de Béarn
– La vocation ibérique du Béarn
Tableaux généalogiques simplifiés
Table des illustrations en couleur hors-texte
Table des cartes et plans
Table des illustrations et documents dans le texte
Rechercher
Quand l’Islam était aux portes des Pyrénées
 
dans les librairies et chez les bouquinistes :
|
Les deux éditions sont disponibles aussi à la boutique médiévale quand vous visitez le 
Extraits…
Préface
En 1096, un obscur chevalier pyrénéen, Gaston, vicomte de Béarn, chevauchait vers Jérusalem d’où il revint chargé de gloire avec le surnom de le Croisé, pendant que Pierre Ier d’Aragon transférait sa capitale de Jaca à Huesca dont la prise marquait la sortie de ce royaume chrétien de son petit réduit pyrénéen. Ainsi commençait la reconquête sur l’Islam de toute la vallée de l’Ebre de Tudèle à Tarragone. En 1229, un autre vicomte de Béarn trouvait la mort en débarquant dans l’île de Majorque dont l’occupation paracheva la victoire de la Couronne d’Aragon née, en 1134, grâce à l’union du royaume d’Aragon et de la principauté de Barcelone devenue la Catalogue.
Mais peu avant, entre 1212 et 1214, le sort de l’Occident, et plus particulièrement du monde pyrénéen et de la France méridionale, avait basculé pour des siècles. En 1212, à la bataille de las Navas de Tolosa, celui de l’Islam ibérique avait été scellé, sa défaite impliquant son élimination à terme. En 1213, à Muret, Simon de Montfort avait mis fin au grand projet d’un État multiforme, à cheval sur les Pyrénées, sous la houlette de la monarchie aragonaise. En 1214, les victoires des troupes de Louis de France et de Philippe Auguste à La Roche aux Moines et à Bouvines, annonçaient que les Capétiens seraient les grands bénéficiaires de cette redistribution des cartes au pied des Pyrénées.
En effet, la politique définie par Gaston le Croisé avait conduit le Béarn ainsi que la Bigorre à basculer de l’espace gascon dans l’espace ibérique. L’achèvement de la conquête des pays de l’Èbre donnait à la Couronne d’Aragon une puissance telle qu’elle avait conçu un nouveau grand dessein : absorber les pays du piémont pyrénéen nord, de ce Béarn et de cette Bigorre dont ils avaient le contrôle jusqu’à leurs possessions du Roussillon et de la Cerdagne. Trop souvent ce moment décisif dans l’histoire de la formation de la nation française est abordé de façon fragmentaire, dans des chapitres distincts : ici, la Reconquista, là, la Croisade des Albigeois alors qu’il faut rétablir leur continuité dans le cadre géographique des deux versants des Pyrénées.
C’est en quelque sorte l’objet de ce livre, dans une perspective historique définie dès 1951 par Charles Higounet dans un article intitulé « Un grand chapitre de l’histoire du XIIe siècle. La rivalité des maisons de Toulouse et de Barcelone pour la prépondérance méridionale ». Il écrivait ceci : « Entre les lignes de force que dessinent sur la carte de l’Europe les grands courants d’événements politiques du XIIe siècle… l’histoire générale a fait de l’aire définie à ses extrémités par la Gascogne toulousaine et les Alpes provençales, une sorte de zone morte… Les progrès des Capétiens et la résistance à l’hégémonie anglaise d’un côté et la reconquête ibérique de l’autre sont devenus des grands chapitres de l’histoire de France et de l’histoire d’Espagne, parce qu’en réussissant ils se sont inscrits dans les cadres, aujourd’hui atteints, de l’unité française et de l’unité espagnole. Au XIIe siècle, unité française et unité espagnole, n’avaient aucun sens. Toulouse tournait le dos à la « France » ; Barcelone participait à peine à la Reconquête. Face à face, les deux maisons rivales, la seconde surtout, ont visé à constituer, de la Garonne à l’Ebre et à la Provence, un « Etat » pyrénéen et méditerranéen. Cet État était alors, semble-t-il, une « possibilité » pas plus absurde qu’une autre. »
En cette fin du XXe siècle, où la constitution d’une Europe occidentale redonnant aux Pyrénées la mission d’unir — comme au Moyen Age — et non de séparer deux espaces géographiques, où la monarchie espagnole a donné naissance aux régions autonomes d’Aragon et de Catalogue, pendant que la régionalisation française faisait naître une Aquitaine et un Midi-Pyrénées, il n’est probablement pas inutile de revenir sur ce chapitre par trop méconnu.
Entre la fin du XIe siècle et le début du XIIIe siècle, cette histoire méridionale à cheval sur les deux versants des Pyrénées, s’inscrit dans un contexte plus général qui est celui de l’essor de l’Occident, avec la constitution d’un nouveau type d’organisation sociale basé sur des liens personnels, des serments d’hommages, l’octroi de fiefs, bref ce qu’il est convenu d’appeler la société féodale qui se développe dans une ambiance commune, chrétienne, définie tant par la lutte contre l’Islam que par l’apogée d’ordres monastiques internationaux comme Cluny et Citeaux. Cette évolution n ‘empêchait pas, de surcroît, la consolidation de « monarchies féodales » dont le royaume de France est le meilleur exemple. C’est alors que se façonne la figure légendaire du chevalier, animé par un esprit chevaleresque. Un personnage comme Gaston de Béarn, le Croisé, peut en apparaître comme le type achevé au moment même où s’élaboraient les gestes épiques de Roland et du Cid.
Tenter de reconstituer cette histoire pour la mettre à la portée de lecteurs qui ignorent tout de ce passé est tâche délicate. Sans parler de la recherche des documents d’archives et des chroniques, bien plus abondantes sur le versant ibérique que sur le versant français, nous avons bénéficié des travaux de nos prédécesseurs auxquels nous tenons à rendre dès maintenant hommage, avant de signaler leur contribution dans des orientations bibliographiques à la fin de chaque chapitre.
Merci à LCPEA…