Tout y passe : l’impuissance de la France face aux crises africaines et arabes ou à l’émergence de la Chine, l’échec de l‘Union pour la Mediterranee, l’indifférence américaine malgré le retour dans le giron de l’Otan, les fiascos à répétition dans la vente des Rafale et de l’industrie nucléaire française à l’exportation, la faiblesse politique de l’Europe… Dans une tribune publiée le 22 février dans le Monde, des diplomates français rejettent la responsabilité des « déboires » récents de la politique extérieure française sur Nicolas Sarkozy et son entourage, accusés « d’amateurisme » et « d’impulsivité ».
« La politique suivie à l’égard de la Tunisie ou de l’Egypte a été définie à la présidence de la République sans tenir compte des analyses de nos ambassades. C’est elle qui a choisi Ben Ali et Moubarak comme ‘piliers sud de la Méditerranée' », écrit ce groupe de diplomates anonymes, « certains actifs, d’autres à la retraite, et d’obédiences politiques variées », selon Le Monde.
« Mépris ostensible »
La diplomatie française, et notamment la ministre des Affaires étrangères, Michele Alliot-Marie, a été très critiquée pour avoir soutenu les régimes autoritaires de Ben Ali et d’Hosni Moubarak, et délaissé les contacts avec la société civile et les opposants.
« Il est clair que le président n’apprécie guère les administrations de l’Etat qu’il accable d’un mépris ostensible et qu’il cherche à rendre responsables des déboires de sa politique », ajoute ce groupe, qui s’est baptisé « Marly », du nom du café, près du musée du Louvre, où ils se sont réunis.
« Or, à l’écoute des diplomates, bien des erreurs auraient pu être évitées, imputables à l’amateurisme, à l’impulsivité et aux préoccupations médiatiques à court terme », ajoute-t-il.
Une médiatisation dangereuse
Ces diplomates en exemple l’Union pour la Méditerranée, « lancée sans préparation » et « sinistrée », ou la politique au Moyen-Orient, « qui est devenue illisible, s’enferre dans les impasses et renforce les cartes de la Syrie ».
S’agissant de l’affaire Florence Cassez, à l’origine d’une crise diplomatique entre Paris et Mexico après les protestations de Nicolas Sarkozy contre la condamnation définitive de la Française à 60 ans de prison pour enlèvement, ils jugent que « la tension actuelle avec le Mexique résulte de l’exposition publique d’un dossier, qui par sa nature, devrait être traité dans la discrétion ».
Depuis 2007, le Quai d’Orsay se sent marginalisé dans la conduite de la politique étrangère, de fait dans les mains du secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, plus proche collaborateur du président, et du conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte.
Source: (Nouvelobs.com)