Article paru dans L’AUTA n°409 Mars 1975
Source Bnf Gallica, Mars 1975
Conférence faite, a l’Assemblée générale des « Toulousains de Toulouse » le 9 février 1975, à l’hôtel d’Assézat à Toulouse par Sydney FORADO
Le titre de cette conférence doit vous paraître insolite. En effet, quand on parle des Arabes en Gaule, nous pensons tous à Charles Martel qui arrêta les Arabes à Poitiers en 732.
Ni dans le grand public, ni même dans le public averti, personne n’a jamais entendu parler de la Bataille de 721.
Sujet peu connu, pour ne pas dire inconnu, c’est un événement sur lequel les projecteurs de l’Histoire ne se sont jamais braqués. Sa nouveauté en fait le principal attrait.
Il y a des faits historiques qui sont comme abandonnés par l’Histoire ce sont des taches obscures. Toulouse et les Arabes est une de ces obscurités : mon propos est d’y jeter quelque lumière.
Le fait brutal, j’allais dire brut, est le suivant : en 721, une armée d’invasion arabe assiège Toulouse. Cette ville se défend avec une vaillance au-dessus de tout éloge, jusqu’à l’arrivée d’une armée de secours commandée par le « Duc d’Aquitaine » qui écrase les assiégeants.
Et jamais plus les Arabes n’essayeront de reprendre Toulouse.
Or, sur ce sujet précis, il n’y a aucun ouvrage historique en aucune langue. Pas de bibliographie sur la question. Il faudra donc recourir aux sources.
Pour bien comprendre ce qui s’est passé à Toulouse, il faut en premier lieu procéder à l’étude des sources ensuite replacer le sujet (qui par lui-même est une étude au microscope) dans son contexte historique. C’est-à-dire expliquer en quelques mots ce qu’est la Conquête arabe et surtout montrer pourquoi et comment les Arabes, venus d’Espagne, pénètrent en Gaule et quel est le but de leurs invasions.
Ensuite, raconter la Bataille de Toulouse, place forte que les Arabes veulent à tout prix et expliquer les conséquences extraordinaires de cette défaite arabe. Vous verrez que ce n’est pas besogne facile, car les sources arabes manquent cruellement ou sont d’une sécheresse laconique.
Enfin et surtout, dans un dernier développement qui sera le cœur du sujet, essayer d’expliquer ce sentiment de surprise, de curiosité déçue, parfois même de malaise qui saisit l’historien au terme de cette étude. Il a, en effet, l’impression que cette grande victoire sur l’Islam a été occultée, mise sous le boisseau, parfois même escamotée, qu’on en parle le moins possible, surtout après Poitiers. Ce silence est particulièrement sensible dans les sources chrétiennes.
Pourquoi ce black-out sur cette victoire chrétienne ? Pourquoi en diminuer le sens et la portée ? Au profit de qui ?
C’est ce que nous tacherons d’élucider en conclusion et ce sera le plus difficile.
ETUDE DES SOURCES
Elles comportent deux grandes catégories : arabes et chrétiennes. Mais toutes deux présentent, chose bien curieuse, un caractère commun :