Les desseins d’Erdogan sont visibles à l’œil nu : il veut déclencher une guerre qu’on lui a commanditée contre la Russie. La déclencher seulement, pas la faire, car il n’en a pas les moyens. Ceux qui la feront, une fois déclenchée, ce sont les commanditaires, maîtres de l’OTAN.
Ce rôle était, jusqu’ici, celui de Porochenko. Mais, devant la résistance russe à la guerre, il a lamentablement échoué, plongeant son pays dans un chaos dont il ne se relèvera pas. La Russie a tout fait pour déjouer les manœuvres visant à la conduire vers un début de guerre dont elle connait parfaitement la finalité. Nous, observateurs anxieux, avons applaudi à chaque fois qu’elle a désamorcé une bombe. Cette fois, il semble bien qu’Erdogan soit la dernière bombe qu’elle ne pourra peut-être pas désamorcer.
L’avion russe abattu par l’aviation turque est, manifestement, une opération préméditée. Ne pouvant entrainer la Russie à réagir dans le sens d’un conflit militaire, ceux qui sont derrière cette opération comptent sur la folie présumée d’un Erdogan qualifié gentiment d’imprévisible, pour construire une situation dans laquelle, quel que soit le comportement russe, il adoptera des attitudes visant à aller vers la conflagration. Il serait peut-être même capable d’envoyer un des F-16 se faire descendre au-dessus de la Base Aérienne russe de Hmeymim pour pouvoir accuser la Russie d’agression. On retrouve la même Chutzpah qu’avec Porochenko qui envoyait des roquettes sur le territoire russe et attendait en vain une réaction militaire qui ne venait pas.
Si Erdogan réussit son coup, il sera immédiatement rejoint par l’Ukraine de Porochenko, peut-être ensuite par la Pologne, pendant que l’OTAN fera semblant de calmer le jeu, tout en soufflant sur les braises, en attendant de voir comment les choses évoluent, pour éventuellement faire jouer l’article 5. Pour l’instant, Erdogan cherche, à coups de provocations gratuites, une porte pour entrer en conflit avec la Russie, qui a réussi à les lui fermer pour le moment. Mais il ne renoncera pas. Et si la Russie et ses alliés ne s’attaquent pas à la racine du problème, c’est-à-dire au niveau des maîtres de l’OTAN, le petit roitelet d’Ankara continuera à jouer sa partition.
Erdogan devrait cependant se souvenir du sort qui a été réservé à deux autres gagnants du ticket de la guerre, l’un contre la Russie, Adolphe Hitler, et l’autre contre l’Iran, Saddam Hossein. Mais lui laisse-t-on vraiment le choix ?