PARIS MATCH s’est procuré l’acte de vente du fameux appartement acheté boulevard Saint-Germain par Thomas FABIUS. Il établit que le fils du ministre des Affaires étrangères a payé 7,4 millions d’euros un bien qui, deux ans auparavant, avait été cédé 4,4 millions. Comment expliquer un tel écart ? Thomas FABIUS a-t-il si peu le sens des affaires ? A moins que cette transaction ne cache une opération de blanchiment. C’est en tout cas une des hypothèses sur lesquelles planchent aujourd’hui les policiers de l’Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF).
L’histoire commence le 19 avril 2012, trois jours avant le premier tour de l’élection présidentielle. Héritière d’une famille de la grande distribution, Béatrice B. signe, ce jour-là, une promesse de vente pour un appartement de 285 mètres carrés boulevard Saint-Germain, au coin du boulevard Raspail. Le bénéficiaire est la société civile immobilière POOPIE WOOPIE, gérée par une jeune Hollandaise, Irma S. Jamais le nom de Thomas FABIUS n’apparaît. C’est pourtant lui le propriétaire de cette SCI. Sur l’acte de vente, l’appartement est décrit ainsi : « 5 ème étage, 8 pièces principales, cuisine, dégagements, trois WC, salle de bains avec dressing, salle de bains, salle d’eau avec WC, cheminées. » Le prix est fixé à 7,4 millions d’euros. Soit 26 000 euros le mètre carré. Un record dans un quartier où il tourne autour de 15 000 euros. C’est d’ailleurs à ce prix – 4,4 millions – qu’il avait été précédemment acquis, en mai 2010, par Béatrice B. auprès du réalisateur Claude Zidi. Qu’est-ce qui justifie une telle augmentation en seulement deux ans, alors qu’entre-temps le marché immobilier a stagné ? « Je l’ai acheté à un prix très bas et l’ai ensuite remis en état. J’ai rencontré Thomas FABIUS par une amie commune. C’est le seul acheteur potentiel que j’ai vu », nous a répondu, un peu gênée, Béatrice B. Cette femme de 47 ans, collectionneuse d’art contemporain, suscite bien des interrogations chez les policiers qui l’ont entendue fin mars. Très riche, elle a détenu, selon ARCURIAL, un tableau de BASQUIAT estimé à 2,5 millions d’euros qui sera mis en vente début juin. Sa sœur et son beau-frère possèdent en Normandie un haras réputé dans le monde des concours hippiques. Ils ont longtemps côtoyé un autre propriétaire de chevaux, François FABIUS, le frère de Laurent, décédé en 2006. Au téléphone, Béatrice B. nie tout arrangement avec la famille FABIUS : « Je ne les connaissais pas avant cette vente. »
Deux mois après la promesse de vente, l’acte définitif est signé le 20 juin 2012. Là encore, le nom de Thomas FABIUS n’apparaît pas. Le prix de la transaction réalisée en 2010, 4,4 millions d’euros, est mentionné dans le document. Autrement dit, le fils du nouveau patron du Quai d’Orsay sait parfaitement qu’il débourse 3 millions de plus que ce que valait cet appartement deux ans auparavant. 3 millions, c’est précisément la somme qu’il règle comptant pour l’opération (3,38). D’où vient cet argent ? Comment a-t-il pu se le procurer, lui qui ne déclare au fisc aucun revenu imposable ? « Je ne me suis pas posé la question. Je savais que c’était un héritier et que sa famille venait de vendre sa collection d’art », nous a expliqué Béatrice B. Le solde est réglé par un prêt de 4 millions d’euros obtenu à la banque italienne MONTE PASCHI, remboursable en une fois le 30 juin 2022 et garanti sur la valeur de l’appartement. Contacté par MATCH, Thomas FABIUS n’a pas souhaité donner d’explications sur cette étrange mauvaise affaire.
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