Je ne sais pas si il ouvre son courrier, ni si il répond, mais entre le temps qu’il passe à l’Etranger à sauver le monde et la naissance de la princesse…
J’ai fait une tentative de lui écrire, une fois, il y a peu de temps. Cela concernait les « méfaits » de l’immigration, chiffres à l’appui. Je n’ai JAMAIS eu de réponse.
« Je serai à l’écoute de tous les Français »; c’est de lui, non?
Je relaye votre courrier, amis « Pieds Noirs »; et c’est avec grand plaisir. Néanmoins, je ne suis pas certain que l’on vous réponde. Ceci dit…
Il peut encore nous surprendre, à quelques mois des présidentielles, le président… Il rapatrie bien soudainement quelques soldats d’Afghanistan; à quelques mois des présidentielles, aussi…
FDF
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Monsieur le Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Permettez-moi de me présenter: Je suis l’un des 3.000.000 de repliés en France, au moment ou notre pays après s’être dégagé de l’Indochine et de ses protectorats, s’est débarrassé dans la foulée de la Tunisie et du Maroc et de ses départements Français d’Algérie.
Avec le respect dû à votre haute fonction et à votre personne, je me permets de rappeler succinctement les engagements pris envers nous le 19 Mars 1962 à Evian, engagements qu’en partie, vous avez fait vôtres lors de votre campagne présidentielle de 2007.
Ces accords prévoyaient entres autres, une juste indemnisation (envers des Français d’Algérie),en compensation d’un scandaleux et ignoble marché passé sur leur dos entre le pouvoir Français du moment et ses ennemis du FLN, la main mise sur leurs modestes avoirs après leur expulsion ( manu militari) de leur pays natal représenté par trois de nos départements Français. Votre serviteur âgé de 29 ans était de ceux-là.
Historiquement et pour mémoire, nous (Pieds-noirs) n’avons jamais conquis ce pays par la force des armes, mais uniquement par notre travail acharné, à la sueur de nos fronts, notre persévérance, nos mains calleuses et sans penser un seul instant aux maladies endémiques qui étaient notre lot de ce risque assumé.
Le général de Gaulle s’appuyant sur le décret n° 60-1299 du 8 décembre 1960 et son référendum national du 8 Janvier 1961 sur l’autodétermination en Algérie (hors consultation des principaux intéressés), donnait lui-même le signal de l’hallali et de la chasse aux Français de là-bas. Ces derniers réagirent tout à fait normalement à la « Jean Moulin » avec l’énergie du désespoir tout comme avait réagi la France occupée face aux hordes germaniques en 1940 en se voyant occupée et contrainte à l’exode en France encore libre.
Confrontés aux résultats de ce referendum, après le marché de dupes du 19.03.62 à Evian et aux ambiguïtés préméditées et calculées des « Je vous ai compris, il n’y a ici que des Français à part entière, Vive l’Algérie Française et plan de Constantine», nous avions violemment réagi.
Ces « journées des dupes » nous livrèrent pieds et poings liés aux balles et couteaux des assassins de la rue d’Isly à Alger et du 5 Juillet à Oran. Ceux qui eurent le temps de choisir « la valise » le firent. Les autres, malheureusement, reposent (si l’on peut dire) pour quelques-uns dans des fosses communes à Alger, pour les autres au fond du Petit Lac à Oran. Tous ceux-là, n’eurent que le choix du « cercueil ». Certains rescapés de ces derniers furent envoyés dans des galeries minières durant des années jusqu’à la fin de leur vie, les jeunes femmes et les fillettes dans des bordels de campagne.
Entre cette date fatidique et le 2 Juillet 1962, plus d’un million des nôtres, arriva en Métropole sous l’indifférence et la réprobation de la majorité de la population qui ne voulait pas de Français « colonialistes » venus en perturbateurs en pleine période des congés payés. Même un certain édile Marseillais aurait voulu nous voir repartir d’où nous venions et que l’on saborda au large, les bateaux du retour. A l’exception de la « Croix Rouge » aucune O.N.G (genre LICRA, LDH ou similaires) ne se pencha sur notre sort et il n’existait pas encore pour nous, hélas, des Coluche, des Abbés Pierre ou des sœurs Emmanuelle.
Nos avoirs en Algérie furent très vite considérés comme biens vacants, saisis, volés, et spoliés impunément et injustement par un état parjure sous le regard éteint, impavide et gêné de ce qu’était l’autorité Française encore en place.
En compensation, une série de mesurettes (prêts de réinstallation) fut prise et 25 ans plus tard, le Président Mitterrand (P.S) nous faisait verser un acompte sur indemnisations étalé sur 10 ans à l’origine et négociable auprès des banques. Ce délai fut ramené par la suite à 5 ans. La presque totalité des banques (sauf une, représentée par un gentil écureuil) fit une ristourne d’intérêts, cette dernière, vraie usurière refusa tout net, sous prétexte que les intérêts convenus ne l’étaient pas en fonction de la durée de remboursement mais en fonction des sommes gagées. Votre serviteur est une des victimes de la Caisse d’épargne d’avignon.
Rien ne nous aura été épargné pour nous mettre en difficultés. Notre manque de fonds propres, en est la cause. Notre position de créanciers privilégiés (juridiques et humains), n’ayant aucun effet protecteur sur l’Algérie et sur la France avaliste passive de ces accords.
Finalement, notre désarroi attira tout de même l’attention des pouvoirs publics qui créèrent des commissions de désendettement des Rapatriés réinstallés dans une profession non salariée: la CONAIR, sous couvert de la M.I.R, (remède pire que le mal comme nous le constaterons plus tard à nos dépens). Cette initiative eut pour effet provisoire pour ceux qui en bénéficièrent de faire stopper les poursuites judiciaires contre nous.
La bouffée d’oxygène insufflée par l’arrêt des poursuites, nous laissait supposer qu’une décision d’indemnisation interviendrait dans un avenir proche, ce qui eut pour effet de faire patienter nos créanciers. Ces derniers étaient en droit de penser eux aussi qu’au pire des cas, l’Etat se subrogerait aux Rapatriés endettés, jusqu’à paiement de leurs indemnisations, auxquelles s’était engagé le 19 Mars 1962, notre Mère Patrie, à Evian face à des bergers de troupeaux de moutons.
Non seulement rien ne fut fait en ce domaine par la CNAIR quelques dix ans plus tard, mais au contraire, la Cour de cassation de Paris, dans un arrêt du 7 Avril 2006, restreignait la portée de l’article 100 relatif à l’arrêt des poursuites, créant ainsi une brèche dans laquelle s’engouffrèrent avec avidité et cupidité nos créanciers. Du coup, nous étions redevenus les cibles privilégiées des huissiers et d’officines marginales de recouvrement.
Il serait temps que les pouvoirs publics dépendant de votre autorité et qui se penchent sur tout ce qui bouge hors frontières, (notamment et à juste titre en matière de prises d’otages de ressortissants Français ), se rendent compte qu’il existe encore chez nous, en France, une autre catégorie d’otages venus de trois départements Français et victimes du « vent de l’histoire » et d’une politique désastreuse dont les cartes étaient truquées et les dés pipés d’avance.
Ainsi au 31 Décembre 2011, cela fera 18.173 jours que des milliers de Français d’Algérie ont été enlevés dans l’indifférence générale sans que les « bonnes consciences » de ce monde qui détournent pudiquement leur regard, n’élèvent la moindre protestation pour nous défendre et nous soutenir. Nous ne les oublierons pas elles aussi.
Nous apprécierions aussi, qu’en France, quelqu’un réalise enfin que depuis 49 ans que notre communauté est en métropole, nous n’avons jamais fait parler de nous en brulant des voitures, en caillassant les forces de l’ordre, en sifflant notre hymne national, en brulant ou en se torchant avec notre drapeau, comme récemment sur la place du Capitole à Toulouse.
Bon nombre des nôtres (parmi les plus âgés) disparaissons journellement, notre compte à rebours ayant commencé. Mais fort heureusement nous avons réussi à bien instruire et éduquer nos enfants et petits enfants qui marchent déjà sur la trace de nos pas.
Nous savons qu’en 1962, vous n’étiez âgé que de sept ans et comme beaucoup de nos enfants, nés la même année, vous ne pouvez pas comprendre (si ce n’est par la version déformée d’historiens de mauvaise foi) le drame qu’a été le nôtre, la diaspora préméditée et ce chaos dans lequel nous sommes plongés depuis bientôt 1/2 siècle.
Nous savons aussi que par honnêteté intellectuelle vous ne resterez pas insensible à notre appel. Peut-être n’est-il pas encore trop tard pour nous démontrer que les engagements pris par votre personne, pour mieux nous convaincre de votre détermination lors de votre campagne présidentielle n’étaient pas qu’un argument électoral.
Obéissant à une logique qui s’imposait d’elle-même suivant vos promesses qui nous avaient insufflé un immense espoir, vous avez bénéficié de la majorité de nos voix soit un potentiel non négligeable vous permettant de creuser l’écart entre votre concurrente et vous, Nous refusons de penser que vous ne tiendrez pas votre promesse.
Depuis 49 ans, nous attendons toujours que justice nous soit rendue et nous ne vivons plus que dans l’espoir du respect et de l’application des dispositions solennelles prises déjà lors des accords d’Evian, en faveur des Français d’Algérie.
Mais nous sommes surpris et inquiets, depuis que vous aviez remanié votre gouvernement en Novembre 2010 et juste avant, nous avions l’espoir que vous alliez probablement créer un ministère ou un secrétariat d’état des droits (et devoirs) des rapatriés.
Le Mardi 16 Novembre 2010, nous avions été très attentifs à vos déclarations durant l’interview que vous aviez accordé à Madame Claire Chazal et Messieurs David Pujedas et Michel Denizot. Vous aviez provoqué, avec un art consommé, beaucoup de questions intéressantes auxquelles vous aviez apporté des réponses claires et convaincantes, mais à aucun moment ni vous ni ces interviewers aviez abordé la question primordiale relative aux rapatriés d’Algérie.
Auriez-vous un problème récurrent envers nous? Si oui, nous ne voyons pas ni pourquoi ni comment.
En 2012, auront lieu les élections Présidentielles et, coïncidence étrange, le 14 Juillet (à quelques jours prés) marquera aussi le cinquantenaire de notre diaspora. Nous prévoyons d’ailleurs d’organiser de belles et pacifiques manifestations commémoratives nationales d’une grande ampleur, de ce tragique anniversaire, dans les principales villes de France.
Nous rêvons d’un geste très fort de votre part avant la fin ou le renouvellement de votre mandat, ce qui nous apporterait l’apaisement et marquerait la fin de cette discrimination exercée contre des Français…à part entière, par leur sang « versé », par leur amour immodéré de la France, de son drapeau tricolore et de sa Marseillaise.
Merci de bien vouloir pardonner la hardiesse de certains de mes propos et dans cette perspective, Monsieur le Président, je vous présente mes plus profonds et plus respectueux sentiments.
Octobre 2011
Source: http://popodoran.canalblog.com/