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Les naufragés des aéroports parisiens en auront été pour leurs frais : eh, non ! Ça n’était pas pour eux, pauvres âmes en peine prostrées dans leurs couvertures de survie, que not’chef de l’adiplomatie, Michèle Alliot-Marie, avait fait le déplacement, mais pour aller accueillir la première vague de 113 (ou 103, on s’y perd parfois) « orphelins » (sic) haïtiens, dont on se demande en quoi ces affaires strictement privées peuvent bien concerner un ministre d’État de sa valeur.L’autre question que l’on est en droit de se poser – et qui doit traverser, j’en suis sûre, l’esprit de bon nombre de patriotes haïtiens – c’est en quoi cette gabegie, consistant à arracher des enfants haïtiens à leur patrie bien aimée et, pour certains, à leurs proches, était préférable à une véritable aide remise à des autorités locales et à des ONG authentiquement haïtiennes.
Posons la question autrement : combien va coûter à l’État, c’est-à-dire à vous et à moi, cette abracadabrantesque opération (prétendument ?) humanitaire consistant à faire venir, à grand frais, moins d’un millier d’enfants, alors que plusieurs centaines de milliers d’Haïtiens n’ont toujours pas vu la queue d’un seul de ces millions d’euros collectés en leur nom ?
D’ailleurs, où se trouve la vérité en cette ténébreuse affaire ?
Premier hic – et de taille – le terme « orphelin ». Il domine une bonne partie des prestations médiatiques, qu’elles soient officielles, officieuses, « parentales » (sic), associatives et tutti quanti. Est-on ABSOLUMENT certain, que, pour partie, ces enfants pourraient ne pas être plus orphelins que ceux ravis à leurs familles par les criminels de l’Arche de Zoé (l’enlèvement d’enfant est un crime que ce soit en droit français ou tchachien) au Tchad ? Criminels qu’il eut été plus judicieux et juste (en quoi un kidnappeur franchouillard doit-il bénéficier de conditions de détention plus clémentes qu’un criminel Tchadien de souche) d’abandonner à leur sort mérité. Dura lex, sed lex !
Rappelons, comme l’a fait un internaute réagissant sur le site du Figaro que les mômes « ont des mères ». Beaucoup plus inquiétant, sur le même site une réaction parle de « familles qui sont rémunérées pour donner leurs enfants » plus les intermédiaires qui « touchent aussi ». En pareil cas, cas, nous ne serions plus dans un phénomène « d’adoption » (sic) mais en présence d’une traite avérée d’enfants. Et, suivant la nature des intermédiaires, en présence d’activités relevant du crime organisé.
2ème hic. En quoi, d’ailleurs, arracher des enfants à leur environnement social, à leurs proches (il n’y a pas QUE les deux parents biologiques à prendre en compte dans les sociétés traditionnelles), à leur pays, est-il préférable au développement de structures d’accueil locales ? Sans parler du développement plus général d’Haïti. Sorte de laboratoire des États-Unis pour un certains nombres d’expériences et de tests.
3ème hic. En quoi cette marchandisation des enfants du Tiers et Quart-Monde est-elle compatible avec les valeurs humanistes avancées par d’aucuns ? En quoi dépenser CENT à MILLE fois plus pour faire venir des enfants en bas âge pour satisfaire la « demande » (sic) de familles européenne parce qu’il existe une « offre » (sic), que ce soit à Haïti ou ailleurs, est-il moralement défendable lorsqu’on connait les besoins réels des populations locales, totalement abandonnées par la suite ?
Une nouvelle traite des Noirs ? À moins qu’il ne s’agisse de la version post-moderne et boboïste du commerce triangulaire du temps des colonies : Port-au-Prince-Paris Miami ?
Pour finir, face aux vrais besoins d’une France dans la souffrance (personnes âgées, SDF, notamment) est-il seulement du rôle de l’État d’aller jeter l’argent public par les hublots des Airbus ainsi affrétés pour régler des affaires privées ne concernant qu’une poignée de familles dans des démarches, certes malaisées et pénibles, mais qui ne regardent qu’elles et sûrement pas la collectivité ?
Poser la question, c’est largement y répondre.
Observatrice rigoureuses des faits et gestes de l’officialité française, je m’avoue également très surprise du dispositif outrancier mis en place par le Quai d’Orsay quant aux desiderata de familles demandeuses de (présumés ?) orphelins haïtiens.
En effet, l’adiplomatie française, lorsque cela l’arrange, sait faire preuve de retenue, voire de mépris. Comme le démontre cet époustouflant dialogue entre la presse et un des porte-paroles du Quai à propos de mauvais traitements infligés à des enfants palestiniens par les forces d’occupation israéliennes :
Q -Depuis quelques jours, l’ONG israélienne B’Tselem a porté plainte et va entamer un procès contre le gouvernement israélien, contre la police israélienne pour l’arrestation des enfants dans des conditions enfreignant la loi. Ils auraient arrêté des enfants la nuit et les auraient battus. Avez-vous des informations et avez-vous une réaction ?
R – Non. Si la justice israélienne est saisie, il faut la laisser faire son travail. En Israël, il y a des lois, c’est à la justice israélienne, en toute indépendance de se prononcer sur ces plaintes.
Q – N’y a-t-il pas d’accord sur le principe concernant les arrestations d’enfants ?
R – Nous devons analyser cela au regard de la légalité israélienne. »
Fin de la citation. Comme quoi, aux yeux de l’adiplomatie française, il y a « enfants » et « enfants ». C’est selon…
Pour le reste, ayant visionné de nombreux reportages et discuté avec de VRAIS spécialistes de l’humanitaire, de la médecine d’urgence et de guerre (Angola, Somalie, Afghanistan, Sierra Leone, Liberia, etc. quant à leur terrain d’expertise), je m’étonne du peu de résultats enregistré par certains de nos bobos d’ONG, aussi variées qu’inutiles, en… Haïti. À qui fera-t-on croire qu’il faut UN an pour bâtir des cabanes en préfab, sans même l’eau courante ni l’électricité ? Ou montrer (faire soi-même ? Faut pas pousser) à des ouvriers haïtiens comment creuser des caniveaux de fortune ? Où est passé le pognon, les p’tits gars ? Ou plutôt dans les poches de qui ?
Il est vrai qu’une fois déduits :
1. Les frais de transports. Avion, forcément, et pas qu’une fois, ça va, ça vient l’expat-bobo en mal d’aventure et d’exotisme.
2. Les frais d’hébergement. Ne rêvez pas l’expat-bobo, ça vit dans un 4 étoiles, pas sous la tente. Et ça bouffe pas local. Sinon, bonjour la dysenterie et quelques autres joyeusetés du même tonneau (or, vous avez noté : bien que peu habitué aux conditions de vie locales, l’expat-bobo, lui, ne tombe quasiment jamais malade).
3. Les moyens de transports : en général des 4×4 climatisés haut de gamme : c’est curieux, on ne voit JAMAIS de vieilles Jeep de récup, entre les mains de ces gens-là…
4. Les études, audits, think tanks, etc. consultés en aval, en amont, sur les côtés, à droite, à gauche, au milieu, etc.
5. Les voyages d’étude, de préparation (voir point 1 à 4, plus le 6 derechef), etc.
6. La sécurité. Je sais, on ne les voit JAMAIS à l’écran (c’est normal, souvent nos journaleux ont les mêmes avec eux), mais ils sont bien là les Contractors (poil ras, lunettes Oakley, blousons et GROSSES bosses au niveau de la hanche droite, comme ceux qui, au lendemain du séisme recherchaient leurs copains parmi les décombres) qui protègent la faune venue vampiriser les zones touchées. Et à 300/400 $US, par bonhomme et par jour, ça coûte de (faire) protéger les fesses de ces chéris…
C’est sûr, tout ça – et je vous passe les trop fréquentes affaires d’abus sexuels qui défraient, régulièrement, la chronique en ces zones de non-droit que sont les champs d’action onusiens et ONGesques – ça finit part grever le budget. D’où, à la fin du processus, de simples cabanes en préfab !
Tout ça pour dire, qu’enfants d’Haïti ou pas – d’ailleurs, c’est curieux, le Haïtien adulte (je veux dire celui à même de nous éclairer de manière indépendante mais pas forcément de la même manière que nos « importateurs » (sic) d’enfants), il a disparu de la boucle médiatique – la prudence s’impose.
D’où cette suggestion de ma part : ne serait-il pas opportun, sur CES affaires haïtiennes, que DES investigations sérieuses – commission d’enquête, policiers spécialisés ou autres, je ne sais pas – soient menées. Sans préjuger, bien évidemment, du résultat.
Enfin, quoi ! Depuis l’Arche de Zoé, on a une petite expertise en la matière, non ?
Quant au coût « social » (sic) de ce nouvel happening du Boboland, commencez, braves gens, à taper dans vos Livret A, la facture sera salée. Vous voulez une petite idée, histoire de vous mettre en bouche ?
Dores et déjà, coût de l’affrètement des avions pour rapatrier tout ce joli monde : 550.000 euros.
Mais, comme le dit, à sa manière le directeur de la CAF de Seine Saint-Denis, Tahar Belmounès, « nous allons établir un diagnostic social pour simplifier la vie des familles ».
Source et publication :Aurora Uzas/Médialibre.eu