La Résistance et la Lutte des classes ne sont pas des réalités superposables. La grande erreur intellectuelle qui explique l’islamophilie, l’immigrationnisme et la dhimmitude hytérique du gauchisme à la française consiste à confondre systématiquement ces deux concepts politiques, qui, pour être liés parfois dans des rapports complexes, n’en restent pas moins totalement distincts et inassimilables l’un à l’autre.
Lutte des classes
L’idée appartient à la tradition marxiste, même si Karl Marx (1818-1883) l’a empruntée à l’historien et homme politique François Guizot (1787-1874), Président du Conseil des Ministres sous Louis-Philippe 1er. Le concept de « lutte des classes » qui inspira tous les mouvements d’ouvriers et de salariés du XIX° et XX° siècles, tant politiques que syndicaux, tant révolutionnaires que réformistes, désigne la tension sociale éminemment structurante qui oppose une classe dominante, soucieuse de maintenir son emprise et de conserver, voire de développer son opulence, à une classe dominée, qui cherche à s’organiser pour améliorer son sort, c’est-à-dire limiter, voire supprimer l’exploitation économique et l’oppression politique qu’elle subit constamment du fait des dominants, qui sont à la fois hauts dirigeants et grands possédants.
Accessoirement, la lutte des classes peut aussi désigner une tension révolutionnaire opposant une classe dominante émergente, qui cherche à s’emparer du pouvoir politique, à une ancienne classe dominante en passe de perdre plus ou moins son hégémonie, comme ce fut le cas durant la Révolution Française, populaire et paysanne dans son principe, mais opposant fondamentalement la bourgeoisie d’affaires à la noblesse terrienne (et au clergé allié à celle-ci).
La Révolution
Cela ne signifie point d’ailleurs que la Révolution Française, initiée en 1789, n’a rien apporté de positif aux classes populaires. L’esprit républicain, inspiré d’un certain égalitarisme hérité des Lumières, n’est pas avare malgré tout d’améliorations notables pour les gens de condition modeste. On sait par exemple que la constitution républicaine rousseauiste (à conditions bien entendu de dégager le vrai Jean-Jacques Rousseau de ses récupérations par les pédagogistes et les angélistes) valorise un pays de petits propriétaires besogneux, où tout le monde à quelque chose et personne n’a rien de trop, comme il est écrit dans la note finale du ch. IX de la partie I du Contrat social.
Plus tard, dès le début du 20ème siècle, les républicains de gauches, les socialistes, les communistes et les syndicats deviendront des forces de proposition, de revendication, et même de gestion politique absolument pas négligeables. La France des Trente Glorieuse finira d’ailleurs par incarner de manière assez exemplaire (en tout cas bien mieux qu’aujourd’hui) l’idéal rousseauiste d’un pays où prédomine une classe moyenne assez sûre d’elle même, ni riche ni pauvre, vigilante et mobilisée, protégée par une État républicain encore fort de ses valeurs et de ses institutions.
En tout état de cause, quelle que soit la lutte des classes à laquelle on se réfère, il est vrai qu’elle constitue une « résistance », au sens large du terme, puisqu’elle consiste à s’opposer, en actes ou en paroles, aux instances décisionnelles en place, économiques, politiques, et même idéologiques, en clair s’opposer à tout ce qu’on peut appeler (un peu rapidement il est vrai) « l’ordre établi ». De ce point de vue, un délégué syndical compétent et dévoué, qui réussit à mobiliser ses collègues pour obtenir des améliorations ou même pour éviter un licenciement, contribue bel et bien à instaurer une « résistance » au sein de son entreprise. Mais la confusion des idées s’arrête ici ; en aucun cas, la résistance, comme idée très générale, ne saurait se confondre avec le concept historique et politique de Résistance (avec son R majuscule), concept qui désigne à l’évidence de tout autres réalités.
Une suspension temporaire de la Lutte des classes
La Résistance est une réalité inédite, bien différente d’un combat social revendicatif, pas forcément révolutionnaire du reste, et à tel point même qu’elle transcende le concept habituel de la Lutte des classes. La Résistance est un concept d’historiens avant tout, non d’économistes ou de philosophes ; elle désigne au départ ce phénomène extraordinaire qui, sous l’Occupation nazie entre 1939 et 1945, conduisit des gens de sensibilités politiques très différentes, de tout âge, de toute origine sociale, à faire front commun contre un occupant venu de l’extérieur, en l’occurrence les nazis et leur politique d’expansionnisme totalitaire.
En clair, la Résistance a pu unir, sur cet objectif commun de repousser l’occupant, des catholiques, des athées, des juifs, des communistes internationalistes, des nationalistes y compris d’extrême droite, de riches bourgeois, des salariés, des employés, des paysans, des fonctionnaires… À la limite, le chef d’entreprise comme son ouvrier pouvait appartenir au même réseau, ou à des réseaux différents d’une même Résistance. En toute rigueur, la Résistance s’est nourrie d’une suspension temporaire de la lutte des classes, suspension sans laquelle elle n’aurait même pas été possible. Car, lorsque chacun campe sur ses positions, c’est-àdire sur la détestation – fût-elle légitime – de « l’ennemi de classe », plus aucune Résistance n’est possible, et dans une certaine mesure la résistance de classe devient l’ennemie de la résistance à l’occupant et aux collabos qui nourrissent ou cautionnent l’occupant.
La solidarité patriotique
Il est vrai que la Résistance et la Lutte des classes ne sont pas sans liens. L’occupant nazi promouvait un système totalitaire, d’essence droitière, tout à fait favorable aux grosses entreprises allemandes des armes et de l’acier, dirigées par des patrons et des actionnaires enchantés d’avoir d’énormes carnets de commandes à traiter et de vivre sous un régime de terreur politique, où l’exploitation du prolétariat, fût-il aryen, n’était pas un vain mot. Le ralliement de Krupp AG au parti nazi et à ses SS est le symbole de cette collusion très naturelle entre bourgeoisie capitaliste et totalitarisme de droite. Inversement, on connaît le rôle important qu’ont joué dans la Résistance intérieure française, les communistes et les syndicalistes, peu suspects d’être favorables à la bourgeoisie capitaliste, notamment en organisant d’importants réseaux de renseignements et de nombreux sabotages. Enfin, on sait que le programme du Conseil National de la Résistance fut fondamentalement un programme de gauche, et pas totalitaire celui-là, à l’origine de nombreux acquis sociaux, que nos gouvernements ultralibéraux s’emploient d’ailleurs à détruire aujourd’hui.
Là encore, la Résistance laisse infiniment plus l’image d’un mouvement axé à gauche que d’un soulèvement bourgeois. Néanmoins, il nous faut rappeler sans cesse que la Résistance a toujours transcendé – c’est-à-dire suspendu – la Lutte des classe en intégrant toutes les couches sociales et toutes les sensibilités politiques, philosophiques et religieuses. La Résistance, par essence, n’a tenu le coup que par cette suspension, qui détermina une forme inédite de solidarité patriotique.

L’erreur gauchiste est double.
1) Assimiler les musulmans à un prolétariat alors que l’islam, comme système idéologique, n’a jamais été défavorable au capitalisme, et même le cautionne et l’exalte dans ses aspects les plus esclavagistes et les plus violents.
2) Se crisper sur la lutte des classes alors que l’islam constitue le système idéologique totalitaire et expansionniste d’essence droitière le plus défavorable au prolétariat qui puisse exister, pire même que le redoutable néolibéralisme anglo-saxon. En clair, à moins que les gauchistes ne comprennent leur gigantesque bavure, il n’y a, à l’heure actuelle, aucune résistance gauchiste possible, même s’il y a une Résistance républicaine de gauche, définitivement alliée à la Résistance nationaliste de droite. L’appel à une vaste suspension patriotique de la lutte des classes n’existe pour l’instant dans aucun parti de gauche. Les gauchistes auront eu toutefois le mérite de nous apprendre que la lutte des classes n’est pas toujours, historiquement parlant, le combat le plus important des peuples. C’est la vérité la plus incroyable, la plus choquante peut-être pour des hommes et des femmes de gauche, mais cette vérité structure notre combat d’aujourd’hui, comme elle a structuré, autrefois, le combat contre le nazisme.
Jacques Philarcheïn
À consulter :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lutte_des_classes
http://fr.wikipedia.org/wiki/Résistance_intérieure_française
Citation de Rousseau : « Sous les mauvais gouvernements cette égalité [de droit] n’est qu’apparente et illusoire, elle ne sert qu’à maintenir le pauvre dans sa misère et le riche dans son usurpation. Dans le fait les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n’ont rien. D’où il suit que l’état social n’est avantageux aux hommes qu’autant qu’ils ont tous quelque chose et qu’aucun d’eux n’a rien de trop. » (Contrat social, I, IX) Les grands patrons, les magnats de la politique et les footballeurs surpayés devraient en prendre de la graine !