Vers un système de justice libertarien
Le but de cette conférence est de voir avec vous si un système de justice libertarien est possible. Par « libertarien », j’entends un système de justice indépendant de l’État, qui ne se réfère pas à des lois promulguées par un État, qui ignore ses tribunaux et ses prisons. La plupart des libertariens sont des anarchistes. Ce sont cependant des anarchistes cohérents. Les autres anarchistes, les « syndicalistes » et les « gauchistes », n’ont jamais pu élaborer une théorie satisfaisante de la justice, c’est-à-dire qui réponde à la question « Comment donner à chacun son dû ? ». Une question plutôt centrale, il me semble, pour une vie en société. Les libertariens apportent une réponse à cette question, sous la forme d’une théorie des droits de propriété. Rendre à chacun son dû, c’est rendre à chacun ce qui lui appartient. Définir et appliquer le droit de propriété est la procédure pour savoir si quelqu’un a été privé de son dû et comment lui rendre justice. Les libertariens traitent cette question de la justice avec objectivité, et non pas avec l’arbitraire que pratiquent tous les appareils judiciaires, tant étatiques qu’anarchistes « gauchistes ».
Beaucoup de gens ne croient pas possible de se dispenser de l’État dans l’exercice de la justice. Même les libéraux bon teint, qui prescrivent un amaigrissement drastique du « plus froid des monstres froids », pensent que l’administration de la justice reste une de ses fonctions inaliénables (au même titre que la diplomatie et la défense nationale). Il semble donc que de l’extrême droite à l’extrême gauche du spectre politique, le consensus est que la justice ne peut pas être rendue autrement qu’elle ne l’est actuellement, c’est-à-dire par des tribunaux d’État, et que les coupables doivent subir une privation d’argent sous forme d’une amende payée à l’État, ou une privation de mouvements sous forme d’une peine de prison, ou les deux. Plusieurs juridictions ajoutent la peine de mort et quelques autres les châtiments corporels et les mutilations. La violence, pense-t-on, est la seule réponse possible à la violence.
Pourtant, il est clair que l’administration de châtiments « ne marche pas ».[1] D’abord, la violence prononcée contre l’auteur d’un crime n’annule pas la violence faite à la victime, elle s’ajoute simplement à la somme des violences perpétrées dans le monde. En plus, l’exemplarité des châtiments n’a jamais été prouvée. Tout au long de l’histoire, les tortures effroyables infligées en public aux criminels n’ont guère servi de dissuasion, ou nos ancêtres, qui ne manquaient pas d’imagination dans la cruauté, auraient vécu dans un monde sans criminalité. Enfin, ce cycle de violence ne semble au bénéfice de personne. Il ne ramène pas le délinquant dans le droit chemin ; on souligne au contraire que la prison est bien souvent l’école du crime.
Les peines de prison ne sont pas seulement inefficaces, elles sont absurdes…
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