février 2010
L’islam est chez lui en prison
En France près d’un dixième de la population serait constituée de musulmans. Or, dans les prisons françaises, la proportion de détenus musulmans dépasse largement les 50%, d’après les statistiques officielles. Ainsi, plus de la moitié de la population carcérale française (estimée à plus de 63 000 détenus) est constituée par des musulmans pratiquants.
D’après une enquête publiée le 29 avril 2008 par le quotidien américain The Washington Post sous le titre “En France, les prisons sont pleines de musulmans”, les détenus de confession musulmane constitueraient même entre 60 et 70% de la population carcérale française, voire 80% dans les prisons de la banlieue parisienne.
Les prisons françaises accueillent de plus en plus d’imams
L’exemple de la prison de Sequedin
Dans le nord de la France, la maison d’arrêt de Lille-Sequedin, ouverte depuis le 4 avril 2005, a une capacité d’accueil de 638 places réparties dans 4 bâtiments de détention organisés comme suit : deux quartiers hommes majeurs (respectivement de 180 et 240 places), un quartier mineurs (40 places) et un quartier femmes (150 places).
Cette prison a dû s’adapter aux convictions religieuses de ses pensionnaires qui sont, à l’instar des autres établissements pénitentiaires français, majoritairement musulmans. Elle leur ainsi offre les services réguliers d’un aumônier musulman en la personne de Moulay El-Hassan El-Alaoui Talibi. De crainte de voir les détenus se radicaliser, la prison a recruté cet imam en qualité d’aumônier sensé guider ses ouailles vers des horizons plus modérés. En favorisant la pratique du culte musulman en prison, l’administration espère canaliser les tensions et atténuer les conflits. L’aumônier qui officie ainsi à la prison de Sequedin assure chaque vendredi le prêche hebdomadaire avant de guider les fidèles au cours de la grande prière communautaire.
Le rôle de l’imam-aumônier est donc d’éviter que les détenus soient livrés à un prosélytisme islamiste incontrôlé. Encore faut-il que cet aumônier soit lui-même au-dessus de tout soupçon et que ce ne soit justement pas lui qui les incite à la radicalisation! On est en droit de se demander si le fait de favoriser la pratique cultuelle est vraiment le moyen idoine pour canaliser les tensions et les conflits.
Pas assez d’imams
Le gouvernement souhaiterait introduire plus d’imams dans les 200 prisons françaises qui sont gérées, rappelons-le, par l’administration pénitentiaire elle-même dépendante du Ministère de la Justice.
Pour l’imam Moulay El-Hassan El-Alaoui Talibi, le nombre de 147 aumôniers musulmans est insuffisant si on le compare au nombre total d’aumôniers qui s’élève à 1160, toutes confessions confondues. Surtout, dit-il, « si l’on considère que l’écrasante majorité des détenus de France est constituée de musulmans. » Ce qui fait dire à l’imam qu’il comprend dès lors «pourquoi le gouvernement français a fait preuve d’une volonté politique de mettre en place des imams dans la majorité des prisons”.
Conjoints et collègues
L’aumônier musulman de la maison d’arrêt Lille-Sequedin est devenu le premier aumônier général des prisons en 2005. Il est en charge de la désignation régionale et locale des imams et s’occupe aussi de la médiation entre les imams et les responsables de l’administration pénitentiaire.
Il travaille de concert avec sa femme, Samia El-Alaoui Talibi, qui a reçu une formation religieuse pour devenir elle aussi aumônière islamique. C’est d’ailleurs elle qui a en charge les détenues musulmanes du quartier des femmes à la prison de Sequedin.
Vidéo: l’imam-aumônier de la prison de Sequedin
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Sources : Medi1sat, Ministère de la justice, YouTube.