J’avais évoqué cette affaire dans un précédent post. Là, j’ai pu avoir beaucoup plus de détails; journalistiques, certes, mais ça témoigne bien des………… bienfaits de l’immigration: Je pense que ce tortionnaire a agit sur un ordre divin de mahomet… De la barbarie à ce point en France de nos jours, cela ne peut venir que de « chances pour la France »…
FDF
02 février 2010
Ce procès en appel aura été une épreuve autant pour Mohamed Hadfi (QUOI ?) que pour sa victime, Samira.
Illustration: Dominique Rousseau
Le 2 juillet 2003, à Nîmes, quelques secondes ont suffi à Mohamed Hadfi pour faire basculer dans l’épouvante un mariage arrangé. Dans une crise de rage, il a arraché à mains nues les yeux de sa femme, Samira, l’abandonnant aux ténèbres avant de prendre la fuite pour l’Allemagne. Son procès en appel devant la cour d’assises du Vaucluse, qui s’est conclu par une condamnation à vingt ans de réclusion, a permis de mieux comprendre comment se mettent en place, dès le premier jour, les rouages d’un drame annoncé.
Elle était juste venue passer un coup d’éponge dans le frigo. Elle venait de trouver un acheteur, mais l’appareil était vraiment trop sale pour être revendu comme ça. Elle a d’abord failli venir seule, elle avait même marché jusqu’à l’arrêt de bus avant de faire demi-tour. Samira est finalement remontée chez ses parents et a demandé à la petite Yasmina, l’une de ses quatre sœurs, de l’accompagner impasse Vivaldi, jusqu’au HLM qu’elle s’apprêtait à quitter. Pourquoi ? Un mauvais pressentiment. Après tout Mohamed avait toujours la clé, il pouvait parfaitement être là.
Il y était d’ailleurs.
Nous sommes le 2 juillet 2003, dans une cité nîmoise. C’est l’après-midi. En arrivant, Samira balaie du regard le parking. La Peugeot 309 n’est pas garée au pied de l’immeuble, c’est déjà ça. Mohamed est pourtant bien dans l’appartement, mais elle ne s’en aperçoit pas tout de suite en ouvrant la porte. Il faut s’avancer un peu pour voir ce qui se passe dans le salon, vidé de ses meubles quelques jours auparavant. Mohamed est allongé sur un tapis, torse nu, il ne dort pas mais donne l’impression d’être encore en train de se réveiller. C’est déplaisant mais bon, Yasmina est là, ça devrait suffire à la protéger. Ils échangent quelques mots et puis Mohamed sort de l’appartement. Soulagement. Samira commence à nettoyer le frigo à la javel. Elle a sorti de la nourriture qui traîne, une brique de lait entamée, Yasmina lui donne un coup de main. Dans un quart d’heure si tout va bien, elles pourront rentrer chez leurs parents.
Mais Mohamed revient, un paquet de cigarettes à la main. Il l’avait oublié dans la voiture, garée une fois n’est pas coutume du côté du stade. De quoi parlent-ils à ce moment-là ? Ce n’est pas très clair, mais c’est tendu. Très tendu. Samira veut en finir, il faut descendre la poubelle mais la brique de lait se renverse et ça coule du sac plastique. Mohamed, tu peux descendre la poubelle, s’il te plaît. D’accord, mais dans l’ascenseur le lait continue à goutter. Yasmina amène du papier toilette pour éponger, on descend. La petite est pieds nus, elle a laissé ses ballerines dans l’appartement. Il fait très chaud.
Dès que la porte de l’ascenseur se referme, Mohamed la questionne : dis-moi, elle a un copain, Samira ? Non. Y a des hommes qui l’appellent chez tes parents ? Non. T’es sûre, tu peux me le dire ? Non, j’te dis.
Et puis Mohamed qui se tourne vers la petite.
Tu vas rester là, Yasmina, on va parler entre grands, on va parler de trucs qu’une gamine de 10 ans n’a pas à entendre. Sûr, Mohamed ? Sûr, sûr, tu restes là, on t’appelle quand c’est fini. Yasmina reste donc en bas, elle a 10 ans, qu’est-ce qu’elle pourrait faire d’autre que d’obéir à son beau-frère ?
Quand Samira réalise que Mohamed est remonté tout seul, elle comprend que ça dérape mais ne réagit pas assez vite. Il tourne le verrou du haut et la pousse à l’intérieur en la saisissant par les épaules. Il va chercher une cordelette et un couteau de boucher, lame de 35 centimètres, le pointe sur le ventre de celle qui est encore sa femme. Il la force à passer au salon et lui lance « Déshabille toi ». Pas la peine de lui faire un dessin, mais cette fois, elle refuse tout net. Et le regarde droit dans les yeux.
Mohamed attrape Samira, lui fauche les jambes du pied, la fait basculer et la plaque au sol. Il tente de l’attacher avec une cordelette, elle s’époumone. Entre temps, Yasmina est remontée, elle s’ennuyait toute seule. La porte est verrouillée, elle entend du bruit, appelle. Samira se remet à crier pour lui faire comprendre que ça tourne mal. Que faire ? La petite prend peur, elle hurle à son tour, panique, n’a pas le réflexe d’aller frapper chez les voisins. Le mieux, se dit-elle, c’est de courir chercher ses parents, même si c’est loin quand on est pieds nus.
Dans l’appartement, Mohamed menace toujours Samira avec le couteau. Elle lui a tout cédé, depuis toujours mais aujourd’hui, elle continue à lui tenir tête, lui lâche une phrase qui, je pense, tient plus de la résignation que du défi : « On n’a qu’une mort« . On ne meurt qu’une fois, c’est vrai, mais on peut souffrir toute une vie.
Et puis ça va très vite. Mohamed maintient Samira à terre avec son genou et lui enfonce ses pouces dans les orbites. Il commence par l’œil gauche, plonge aussi l’index, s’en sert comme d’un crochet et tire. Si fort qu’avec le globe, il arrache le nerf optique de la boîte crânienne, dira l’expert en médecine légale. La douleur est insoutenable, inimaginable. Il reste un œil. Samira hurle et hoquète, le supplie de ne pas faire le second. En finissant de l’énucléer, il lui arrachera aussi un bout de la paupière droite, qu’il faudra reconstituer.
A la barre, malgré l’insistance de l’avocate de la partie civile, Me Isabelle Mimran, Mohamed persistera à dire qu’il ne se souvient pas si son épouse criait ou pas. La douleur a pourtant été évaluée à 6 sur une échelle exponentielle qui compte 7 échelons. « 150 rages de dents dans chaque œil« , dira le Dr Dupeyron, qui dirige le service ophtalmologique de l’hôpital de Nîmes. Alors, elle criait ou pas ?
Samira n’y voit plus, n’y verra plus jamais. Elle entend que Mohamed remet ses baskets, devine sans doute plus qu’elle ne comprend qu’il est en train de s’enfuir par les balcons. C’est possible, l’appartement n’est qu’au deuxième étage. Avant de partir, il lui lance un simple et sidérant « tiens, voilà« . Le silence.
Samira est seule maintenant, mais il pourrait revenir, il faut appeler à l’aide. Sa détresse et sa douleur sont insondables, d’une main elle soutient ses yeux, qui ne tiennent que par quelques fibres, de l’autre, elle s’appuie au sol pour se relever. A tâtons, elle trouve la porte, parvient à tourner le verrou, sort sur le palier et tambourine de la seule main disponible à toutes les portes. Elle met du sang partout, on pourra reconstituer sa trajectoire à la trace.
Une voisine l’entend, comprend que c’est grave mais de peur que son mari soit toujours là, elle refuse de lui ouvrir et de lui donner le verre d’eau que Samira réclame. Mais elle prévient la police, qui fera vite. En voyant la victime, assise au sol, le visage couvert de sang, les globes dans une main, l’un des policiers fera un malaise. Une cellule psychologique sera mise en place pour assister toutes les personnes qui lui porté secours en ces premiers instants.
Ça, c’est le récit que Samira Bari, ex-épouse Hadfi, 32 ans, fait avec constance de ces effroyables minutes du 2 juillet 2003. C’est aussi la vérité judiciaire puisque Mohamed Hadfi, ressortissant marocain âgé de 33 ans, a été condamné ce jeudi 28 janvier à 20 ans de réclusion criminelle, dont deux tiers de sûreté, et une interdiction définitive de séjour sur le territoire français à sa sortie de détention.
En première instance, devant la cour d’assises du Gard, qui n’est pas spécialement réputée pour sa clémence, il avait écopé de 30 ans ferme, mais sans peine de sûreté, pour le même chef de mise en examen : « actes de tortures et de barbarie, en l’espèce l’énucléation des deux yeux« . Vingt ans plus la sûreté des deux tiers, c’est à peu près pareil. A condition qu’il se tienne à carreau en prison, compte tenu des remises de peine pour bonne conduite, il peut retrouver la liberté, disons, vers 2017. Mais ce procès en appel, Mohamed le voulait à tout prix, il est même allé jusqu’à écrire dans un courrier à l’OIP, l’observatoire international des prisons, que son procès de première instance n’avait pas été équitable.
Dès le lendemain, il reconnaissait les faits dans un courrier adressé à l’enquêteur qui avait cherché à le contacter sur son portable au début de sa cavale. La question de sa culpabilité ne s’est donc jamais posée. Mohamed jure qu’il veut surtout être écouté et aux jurés de la cour d’assises d’appel du Vaucluse, il va raconter une toute autre histoire. Samira le trompait, il en avait la preuve, sous forme de plusieurs messages explicites trouvés dans son portable. Le jour du drame, lorsqu’il est remonté sans Yasmina dans l’appartement, il lui aurait demandé de dire la vérité. Et Samira, en lui lançant un très crâneur « ouais, je l’ai fait et alors ? » accompagné d’un regard de défi, aurait déclenché le coup de folie qui lui a coûté ses yeux. Samira, épouse volage, provoquant délibérément un mari humilié ? C’est la version à laquelle se raccroche l’accusé. On y reviendra.
A ce stade, vous aurez peut-être envie comme moi de prendre quelqu’un à témoin. Non mais franchement, qu’est-ce que ça change ? Quand bien même elle l’aurait trompé, serait-il pour autant excusé de l’avoir énucléée ? C’est quoi ce raisonnement ? Sauf que la Justice, ça ne marche pas comme ça. Si Samira trompe réellement Mohamed, son geste reste barbare mais ses motivations apparaissent un peu moins sordides. Il devient un mari trahi, coupable d’un crime certes monstrueux mais qui l’humanisera aux yeux des jurés. Sinon, il reste un type en situation irrégulière, vivant largement aux crochets de sa femme, incapable de supporter qu’elle le quitte pour échapper à l’existence qu’il lui impose depuis cinq ans, entre violence ordinaire et misère affective.
A les écouter raconter leur vie, chacun à tour de rôle, on se demande s’ils ont bien vécu la même, ces deux-là, ne fût-ce qu’un moment. Les dates et les noms concordent mais c’est à peu près tout. Mohamed parle d’une union « heureuse, tranquille« , d’une existence ressemblant à celle dont il rêvait dans son village marocain. Dans le récit qu’en fait Samira on comprend au contraire que tout a commencé à foirer dès le jour de leur rencontre, qui était aussi celui de leur mariage.
Mariage arrangé, donc, et on peut s’en étonner à voir la famille de Samira. Les Bari, ce sont des Marocains originaires d’un douar situé à quelques kilomètres à peine de Meknès, qui ont tenté de concilier leurs racines avec les règles de la société française. Samira est née à Ain Jemaa comme trois de ses quatre sœurs. Son père était travailleur agricole dans le Gard et lorsqu’elle avait dans les six ans, les Bari se sont installés le plus régulièrement du monde dans un quartier populaire de Nîmes, au Chemin-bas d’Avignon.
Samira et ses sœurs parlent un Français impeccable, ne portent pas le voile et ont à cœur de gagner leur vie. Mais les Bari gardent de fortes attaches au Maroc et Samira est l’aînée. Depuis toujours, elle souhaite « respecter la tradition« , ce qui signifie épouser au pays un homme qu’on aura choisi pour elle. Elle pense ainsi faire plaisir à ses parents, peut-être se dit-elle aussi que c’est plus simple. Elle croit sûrement un peu au prince charmant, version bled. Toujours est-il qu’elle est non seulement consentante mais volontaire pour un mariage arrangé, et ça se sait.
En France, Mohamed Bari, son père, est approché par un homme originaire du même douar d’Ain Jemaa, un autre travailleur agricole, venu lui demander la main de sa fille pour son fils unique. C’est Bouabib, le père de Mohamed. Mohamed Bari se renseigne, entend de bons échos sur ce jeune homme alors âgé de 21 ans. On se met d’accord, la famille de Samira apportera la dot, celle de Mohamed versera 23000 F pour les meubles nécessaires à l’installation du ménage.
Les Hadfi, les Bari. Deux familles marquées par l’exil volontaire d’un père parti gagner sa vie de l’autre côté de la Méditerranée. Mais si Mohamed Bari a fait très tôt le choix du regroupement familial, le père de Mohamed s’y est toujours refusé. La France, c’est bon pour travailler mais pas question d’y faire venir les siens, « les femmes sont trop libres, elles commandent les hommes, comme le dit volontiers Bouabib. Une femme, il ne faut pas lui laisser ouvrir les yeux ». Mohamed grandit donc sans père, ou presque, au milieu d’un clan exclusivement féminin. Il est le benjamin et n’a que des sœurs. Cinq sœurs.
Au cours de l’instruction, il prononcera cette phrase curieuse, « là bas, j’étais l’enfant de tout le monde« . Un enfant sans problème, couvé par ses femmes, mais qu’une méningite a frappé lorsqu’il avait dans les 10 ans, le laissant plutôt mélancolique et peu enclin à de longues études. Il y a aussi cette histoire de viol quelques années après.
Une jeune fille de son village l’accusait d’avoir abusé d’elle mais la justice marocaine l’avait relaxé. Le rapport était en réalité consenti, nombre de jeunes filles cédant aux avances des garçons dans l’espoir qu’ils les épousent si la chose vient à se savoir. Le juge d’instruction, qui s’est déplacé au Maroc une semaine sur commission rogatoire, tient cette version pour parfaitement vraisemblable. La jeune fille a été condamnée à un mois de prison pour « débauche« . Dont acte.
A la fin du mois de juillet 1997, le mariage est organisé à Ain Jemaa, dans le strict respect des traditions. Ce qui signifie, pour commencer, que Samira ne rencontrera pas son futur époux avant le jour des épousailles. Malgré ses suppliques répétées, les sœurs de Mohamed s’y sont opposées. Le mariage aura lieu en deux temps, comme il est de coutume. Une première fête chez les Bari, une seconde chez les Hadfi, à l’issue de laquelle les mariés consommeront leur union. A en croire Samira, qui dit avoir pleuré dès que ses yeux se sont portés sur Mohamed, ces noces-là furent barbares. Annonciatrices du drame à venir, ne peut-on s’empêcher de penser.
La scène se passe donc chez les Hadfi, les parents de Samira ne sont pas là, d’autant que sa mère est à nouveau enceinte. Vers une heure du matin, on conduit la jeune fille, 19 ans, dans la chambre nuptiale pendant que la fête se poursuit à quelques mètres.
Ça se passe mal. Samira est « bloquée ». De l’autre côté, la fête continue mais les invités gardent un œil sur leur montre. La tradition veut qu’on apporte sur un plateau le pantalon de la mariée, son caleçon si on préfère. Tâché, évidemment, pour témoigner de sa virginité. La mariée doit le conserver toute sa vie, sans jamais le laver. Ça dure.
Au bout d’une heure, toute la noce commence à se poser des questions. « Comme Mohamed n’arrivait pas à me dévierger, ils ont fait entrer mon beau-frère et ma belle-sœur dans la chambre, a raconté Samira à la barre. Ils m’ont tenue, ces monstres, l’un les jambes, l’autre les bras. Moi, j’étais bloquée, lui, il ne savait pas trop comment faire, mais il fallait le faire, vite… De force s’il le faut… » Les intéressés nient farouchement avoir tenu Samira. Mohamed jure qu’il est allé jusqu’à se couper le doigt avec un rasoir Bic pour que le pantalon soit bel et bien souillé de quelques gouttes de sang. C’est bien possible. Sauf que, comme souvent dans ce dossier, un élément tangible vient étayer la version de Samira.
La mariée tourne de l’œil. Il faut la conduire d’urgence dans une clinique à Meknès, alors on la fait sortir par la fenêtre, c’est plus discret. C’est son oncle, le frère de son père, qui l’accompagne. Tout cela a été vérifié. Le médecin l’examine, stipule que son mari ne doit plus la toucher pendant un bon moment. « Mais dès le lendemain, il a recommencé » assure Samira.
Dans ces premiers moments, Samira aurait pu tout arrêter, admettre qu’elle s’était trompée, échapper à son destin de femme soumise. Elle le sait, le reconnaît. Le poids de la tradition, la peur du scandale pour elle et sa famille, l’espoir que tout finisse par s’arranger au fil du temps parviennent au contraire à la convaincre de ravaler sa fierté. Ça ne peut pas être pire après tout…
Les premiers mois, le couple vit au Maroc, sous le regard inquisiteur des Hadfi. Mohamed a placé un cadenas sur la porte de leur logement, Samira n’est pas libre d’aller et venir à sa guise. Lui, en revanche, découche de temps en temps. A l’arrière de sa voiture, il a enlevé les fauteuils, mis des couvertures et des coussins. Il y dort parfois. Pour sa belle-famille, Samira est surtout le sésame dont Mohamed avait besoin pour partir vers la France. Des deux, elle est la seule à posséder un titre de séjour. Dans le même temps, on lui reproche d’être trop occidentalisée, de n’être pas assez dévouée à son mari. Bientôt, les sœurs Hadfi lui font même grief de s’éterniser au Maroc, retardant du même coup le départ de leur frère.
Quand Samira rentre enfin en France, début 1998, c’est pour elle un soulagement mais il sera de courte durée. Mohamed ne reste au Maroc que provisoirement. Il profitera de la coupe du monde de football, organisée cette année-là en France, pour se faire délivrer un visa touristique. La compétition terminée, il reste évidemment à Nîmes, mais sa condition de clandestin l’empêchera de travailler autrement qu’au noir, deux, trois jours par semaine sur les marchés du coin. Si Samira ne travaillait pas, le couple vivrait d’expédients. Lui s’en satisfait. Cette vie-là, c’est à peu de choses près celle dont il rêvait et il le dit aujourd’hui encore : « Quand je suis arrivé en France, j’ai pensé que c’était comme si j’étais né là, c’est là que je dois être…«
Clandestin, donc, mais enserré dans un réseau de solidarité familiale et communautaire. Rien de grave, Mohamed compte d’ailleurs très logiquement sur la procédure de regroupement familial que doit lancer Samira pour régulariser sa situation. C’est une question de mois, un an tout au plus. Sauf qu’au moment des faits, le 2 juillet 2003, rien n’est encore fait. Cinq ans, c’est pourtant beaucoup plus qu’il ne faut. C’est vrai, mais leur histoire est en dents de scie et Samira va traîner des pieds, allant même jusqu’à retirer son dossier en préfecture à l’époque où elle décide une première fois de se séparer de Mohamed, vers 2001. Lui persiste à parler d’une « relation normale« , décrit sa femme comme « heureuse, toujours souriante, toujours maquillée« .
C’est vrai que Samira fait des efforts constants pour cacher aux autres, et en particulier à sa famille, que son mariage est une lente descente aux enfers. Des jours heureux, il y en a eu, sans doute, mais les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne. Alors au cours de ce procès en appel, on aura surtout entendu des histoires moches, comme autant de signes avant-coureurs. C’est Mohamed giflant Samira parce qu’elle a serré la main d’un collègue, l’insultant devant sa famille pour avoir osé répondre à un téléphone portable, la pressant de porter le voile, la surveillant au travail, la menaçant du pire si elle venait à le quitter, lui imposant des relations sexuelles selon ses seules envies.
« Quand il voulait, il fallait obéir » lâchera Samira à la barre. « Une fois, je l’ai entendu dire que si elle le quittait, il allait la couper en deux ou lui arracher les yeux » jure Rabah Hadfi, sa mère. Le contraste est saisissant avec les déclarations des témoins de la défense, père, sœurs et cousins de Mohamed. En vrac : « Mohamed, c’est quelqu’un de calme, de pondéré » ; « Avec Samira, c’était le couple parfait, ils étaient complices, ils se taquinaient, ils rigolaient » ; « il l’aimait, il l’aimait vraiment« . Et encore : « j’ai jamais vu quelque chose de mauvais entre eux« .
Un non-dit empoisonne pourtant lentement leur vie de couple. Presque cinq ans après le mariage, Mohamed et Samira n’ont toujours pas d’enfant, et pour des Marocains, ce n’est pas franchement un détail. Les gens jasent, les familles s’impatientent. Samira a été examinée à plusieurs reprises, elle a passé des examens de fertilité, tous les gynécologues ont conclu qu’elle était en mesure de procréer. Un petit bond dans le temps suffit à le confirmer. Samira s’est remariée et a aujourd’hui deux enfants, Amin, deux ans, et Imrane, trois mois. En toute logique, Mohamed aurait dû consulter à son tour à l’époque. Mais c’était admettre que le problème pouvait venir de lui, et sa virilité ne pouvait pas le souffrir.
Début 2002, ce mariage mal parti est en état de décomposition avancée.
Mohamed sort très souvent seul, ou bien avec ses cousins et des amis, pendant que sa femme travaille dans un restaurant de spécialités de la mer qui vient d’ouvrir, La Criée. Samira pense que Mohamed l’a trompée, avec une femme de Montauban, où vit l’un de ses cousins. Elle n’en aura jamais la preuve.
Au retour d’un voyage au Maroc qu’elle effectue seule, à l’occasion du mariage de sa sœur Zineb, Samira se montre de plus en plus distante avec Mohamed. Là-bas, elle refuse même de parler avec sa belle-famille, qui comptait bien la recadrer. On recourt alors à la pensée magique. Si Samira est de plus en plus froide avec son époux, c’est tout simplement qu’elle a été ensorcelée pendant son séjour au pays. C’est très pratique, l’ensorcellement, ça évite de regarder la réalité en face. Lors d’un second séjour au Maroc, cette année-là, Samira ira même voir un Imam et un marabout pour se faire « désenvouter« …
Évidemment, rien n’y fait et Samira prend enfin une décision douloureuse pour elle, celle de divorcer. Ça n’est pas si simple, même s’il est possible de lancer la procédure en écrivant au consulat du Maroc à Montpellier. Car officiellement, Mohamed réside au Maroc et c’est à Meknès qu’il devra signer les papiers… Il se dit prêt à accomplir les formalités nécessaires, l’accompagne au consulat fin 2002, mais la séparation traîne en longueur. A tel point qu’après six mois, Samira se laisse convaincre, à l’usure, de donner une dernière chance à son couple. Elle se remet un moment en ménage avec Mohamed.
Ce nouvel essai tourne court. Samira est une fois de plus chez ses parents lorsqu’à la mi-juin 2003, les événements s’accélèrent. Mohamed vit très mal la séparation, c’est peu de le dire. Il prétend s’être mis à boire et à fumer du haschich, se montre agressif, d’une jalousie maladive. Samira évite maintenant de le croiser, autant que faire se peut. Le 14 juin, ils sont ensemble pourtant lorsque Mohamed s’empare d’un portable qu’elle emprunte de temps à autre à sa sœur Latifa.
En mémoire, il trouve quelques heures plus tard un SMS qui va cristalliser toutes les frustrations accumulées depuis des mois. Message arrivé par erreur sur un portable qui ne lui appartient même pas, selon Samira. « Il m’a paru tellement bizarre, ce message, que je ne l’ai même pas lu en entier« , dit-elle. Mohamed, lui, assure en avoir gardé un souvenir très précis. Au point de pouvoir le réciter par cœur à la demande. Ça disait « Chère Samira, j’ai passé une journée inoubliable, j’espère que ton cœur ne bat que pour le mien. Gros bisous » débitera-t-il à l’audience. Ce message là, Samira assure qu’il n’a jamais existé sous cette forme, pour la bonne et simple raison qu’elle jure n’avoir jamais trompé Mohamed. Elle l’aurait d’ailleurs montré à une de ses amies et collègue de travail, Badia Bouayoune, qui confirme. L’enquête va montrer que ce SMS a été envoyé par un homme vivant en Italie.
Il y a là quelque chose de troublant, parce que cet homme est précisément Marocain. Aux enquêteurs, ce monsieur Mostafa affirmera ne connaître ni Samira ni Latifa, et ne venir en France que pour rentrer au pays de temps en temps. Le juge d’instruction conclura qu’il n’est pas « déraisonnable » de penser que ce SMS a été envoyé par erreur sur le portable de Latifa et ne tiendra pas compte des messages audio que Mohamed prétend avoir trouvé également sur le portable. La puce sur laquelle ces messages seraient en mémoire, et avec laquelle il a pris la fuite après avoir énucléé sa femme, aurait été perdue il y a trois mois à peine. Pas de chance, quand même… De même, il dit avoir appelé ce Mostafa, en se faisant passer pour un ami de Samira, et avoir compris qu’il était au courant des problèmes du couple. Là encore, personne n’est en mesure de confirmer. Quoi qu’il en soit, réel ou fantasmé, ce SMS fera office de bombe à retardement. Car Mohamed est maintenant persuadé que Samira lui est infidèle. Et la procédure de divorce ne qu’alimenter sa jalousie.
Dès le lendemain, 15 juin 2003, il se rend au restaurant La Criée pour demander des comptes à Samira. Sur le parking de l’établissement, elle nie avoir une aventure mais très vite, la discussion tourne à la dispute et la dispute à l’agression. Il tente de l’étrangler. « J’étais très énervé, c’est vrai, mais je l’ai juste prise par le col » assure aujourd’hui encore Mohamed. Éric Poisson, le gérant du restaurant, en garde un souvenir très différent. « On m’a dit qu’il s’était passé quelque chose sur le parking, et je suis allé voir Samira, qui s’était réfugiée dans la chambre froide. C’était impressionnant, elle était en larmes, on voyait les marques de doigts et d’ongles enfoncés dans son cou. A l’époque, elle m’avait dit ‘c’est un fou, il veut m’arracher les yeux pour plus que je regarde un autre homme‘. Depuis sept ans, cette histoire me hante. Je voulais prévenir la police mais Samira m’a convaincu de ne pas appeler en me disant que ça devait se régler en famille. J’aurais mieux fait de ne pas l’écouter…«
Le 2 juillet, comme on sait, Mohamed mettait ses menaces à exécution, après avoir ruminé sa jalousie pendant une quinzaine de jours. Dans une lettre datée du 1er juillet, qui sera retrouvée dans sa voiture, il se dit torturé par l’idée que Samira l’ait trompé et prêt à la faire souffrir pour qu’elle ne puisse jamais refaire sa vie avec un autre homme. « Il croit fermement à cette infidélité, témoignera le Dr Pandelon, médecin chef en charge des malades difficiles de l’hôpital psychiatriques de Montfavet. Mohamed Hadfi n’est pas un paranoïaque psychotique mais il présente des traits de caractère clairement paranoïaques. Si on analyse son changement d’attitude au cours des mois qui précèdent les faits, on voit qu’il cherche d’abord à rationaliser ses problèmes de couple sur un mode qui soit acceptable pour les deux, c’est l’hypothèse de l’envoûtement. Et puis, la situation évoluant, on voit qu’apparaît la théorie de l’infidélité. Je ne sais pas si ce qu’il dit sur le SMS, l’aveu de Samira et le regard qu’elle lui aurait jeté à ce moment là est vrai, mais lui le croit et ça provoque une explosion pulsionnelle impossible à maîtriser« .
Me Isabelle Mimran, avocate de la partie civile, ne s’est pas privée de remettre en question cette supposée pulsion, précédée de menaces précises et répétées. De même, dans sa fuite, Mohamed réalise un sans-faute. Après avoir quitté l’appartement de l’impasse Vivaldi, il contacte le maraîcher qui le fait travailler au noir, lui demande de lui régler sa semaine et se fait déposer à la gare de Nîmes. Entretemps, il envoie sa belle-sœur Latifa et son beau-père sur une fausse piste, en leur donnant un rendez-vous bidon dans un bar d’Uzès, où ils le chercheront en vain.
En réalité, il est en route pour Saint-Étienne, où l’accueillent l’une de ses sœurs et son beau-frère. Ils savent alors que Mohamed a arraché les yeux de sa femme, c’est Latifa qui les a prévenus par un coup de fil houleux, mais ils ne ménagent pas leur peine pour le faire sortir de France. Son beau-frère le conduit à Langres, à côté de Dijon, où une autre de ses sœurs, vient le chercher. Elle vit à Dortmund et va le cacher quelques jours. Sa cavale sera de courte durée.
Le 5 juillet, le SRPJ de Montpellier le fait cueillir en Allemagne, le jour même de l’émission d’un mandat d’arrêt international. Dans sa poche, un billet de train Dortmund-Paris, qui lui permettra de prétendre qu’il comptait se rendre. Invérifiable évidemment. Dans la voiture de sa sœur, à Saint-Étienne, on retrouve encore une lettre datée du 3 juillet et adressée au commandant Martinez, l’enquêteur qui lui avait laissé un message sur son portable. On peut y lire : « je suis arrivé de la faire souffrir (sic) comme ça elle ne se remariera jamais et restera toujours ma femme, jusqu’à la mort« .
Relisez cette dernière phrase. On est en droit de penser que les motivations de Mohamed Hadfi tiennent toutes entières dans ces quelques mots. « On punit celle qui veut divorcer, celle qui veut partir« , tonnait Me Isabelle Mimran dans sa plaidoirie. Reste le « trou noir » de cette histoire, le point qui échappe à l’entendement, ce geste atroce, dont le Dr Bernard Matarese, médecin spécialiste en médecine légale, dira à la barre qu’il est « au-delà de ce dont nous avons à débattre ici ». Ici étant une cour d’assises, où s’étale à longueur d’audience le pire de notre humanité souffrante.
« Un acte psychotique commis par un homme qui ne l’est pas » estime le Dr Bernard Azéma, l’un des psychiatres qui ont longuement rencontré Mohamed Hadfi ces sept dernières années. Et le même d’ajouter que « dans le regard de Samira, à ce moment précis, il s’est senti comme un déchet, comme une merde« . Dans ce miroir-là, Mohamed se serait vu, soudain, déchu de sa position, lui qui se considérait comme propriétaire de sa femme. « Mes mains sont parties direct, elles sont parties direct » soufflait-il en réponse à une question de la président, Catherine Gay-Julien. Directement aux yeux, qui réfléchissaient une image de lui proprement insupportable. Pense-t-il à ce moment-là ? En tout cas, les experts sont formels, sa responsabilité pénale est entière.
Depuis sa cellule, Mohamed continuera de harceler Samira, qui porte maintenant des prothèses oculaires et souffre déjà d’affreux maux de tête. Il lui écrit lettre sur lettre, l’assure de son amour et de son soutien, va même jusqu’à lui écrire « ton regard me manque » ou « je serai tes yeux, mon bébé d’amour« . On a peine à le croire mais Mohamed est sincèrement persuadé qu’il pourra reconquérir sa femme, se la réapproprier devrait-on plutôt écrire. Après tout, qui voudrait d’une aveugle ? Samira demande qu’on lui lise les premières lettres mais bientôt la famille, conseillée par son avocate, décide de faire intervenir le juge d’instruction pour que Mohamed cesse d’écrire. Il continue pourtant, se débrouille pour déjouer le barrage de l’administration pénitentiaire en demandant à ses codétenus de faire sortir ses lettres. Au final, elles seront transmises au juge sans être ouvertes. Même longtemps après que la famille Bari a déménagé du Chemin-bas d’Avignon, il fera tout pour se procurer, depuis la prison, la nouvelle adresse de Samira. Pourquoi ? lui demandera simplement la présidente. « Il y a toujours l’espoir…«
Cynisme, cruauté, bêtise, folie ? « Samira, c’était la femme que je rêvais d’avoir, elle était tout pour moi. Je voulais réparer le mal que j’avais fait » clame-t-il encore aujourd’hui. Pour Christian Doré, expert psychiatre, Mohamed Hadfi fonctionne « par clivage et déni, il ne reconnaît pas son agressivité ou sa violence et refuse la réalité quand il la perçoit comme contraire à ses intérêts« . Le Docteur Azéma le dira autrement : « sa réalité, c’est sa logique à lui« . Quand a-t-il compris que Samira avait en elle trop de haine pour envisager, ne serait qu’un instant, de partager à nouveau sa vie avec lui ? En tout cas, pas après le divorce prononcé pour faute en 2005, puisqu’il s’obstine à lui écrire après cette date. Peut-être lorsqu’il apprend que Samira s’est remariée et qu’elle attend un enfant. Et encore… Tout au long de ce procès, il n’a eu de cesse, pour désigner Samira, de répéter « ma femme« . Ma femme devant Dieu, Ma femme jusqu’à la mort…
Juste avant que les jurés se retirent pour délibérer, Mohamed Hadfi s’est hissé avec difficulté jusqu’au micro. Lui qui a donné l’impression d’être hagard pendant tout ce procès, intervenant souvent à contre-temps, a répété, presque psalmodié en s’adressant à Samira, « je demande pardon, je demande pardon, je demande pardon« . Puis il s’est littéralement effondré dans le box des accusés. Comme si tout était achevé, avant même le verdict.
Comment défendre cet homme-là ? Me Stéphane Simonin et Me Fanny Roubaud, du barreau d’Avignon, ont dû cent fois se poser la question. Il était important, essentiel même, que Mohamed ne soit pas seulement pour les jurés le monstre que décrit, avec un luxe étonnant de détails, l’ordonnance de mise en accusation. Alors ses avocats ont fait venir à la barre nombre de ses proches, montré des photos de son mariage, insisté sur sa jalousie et le caractère « fulgurant » de son geste. Ils ont aussi tenté de semer le doute sur la fidélité de Samira et la valeur de l’enquête de police.
La tâche était ardue, c’est vrai, et la défense comptait sans doute surtout sur la plaidoirie finale, avec un argument qui a finalement porté. Comment peut-on, en son âme et conscience, infliger la peine maximale à quelqu’un qui n’a pas ôté la vie ? Un jeune homme qui a énucléé puis tué un prêtre ne vient-il pas d’être condamné à 25 ans de prison, dont 15 incompressibles « Faites en sorte qu’après un vrai procès, ce qu’il a pu avoir devant cette cour, Mohamed Hadfi ait maintenant une vraie peine » demandait Me Stéphane Simonin, en réponse à un réquisitoire jugé par trop excessif.
Le vice-procureur, Yves Micolet, venait de requérir 30 ans de réclusion criminelle, assortis de vingt ans de sûreté et d’une interdiction définitive de séjour sur le territoire français. « Dans ce dossier, je ne demande pas la loi du Talion, œil pour œil, dent pour dent, osait l’avocat général. Je vous demande d’aller plus loin que les jurés nîmois, qui ne disposaient pas de l’expertise du Dr Pandelon, selon lequel l’accusé est toujours dangereux et pourrait s’en prendre à une future compagne. ‘Placé dans une situation de forte humiliation, il peut recommencer’, nous dit-on… Si je vous demande d’être plus sévères que les jurés nîmois et de prononcer vingt ans de sûreté c’est parce qu’en vertu des remises de peine et compte tenu du temps qu’il a déjà passé en prison, dans six ou sept ans, il peut parfaitement être dehors… Aujourd’hui, vous avez l’occasion de juger, alors soyez impitoyables« .
A la partie civile, Me Isabelle Mimran demandait elle aussi la plus grande sévérité, refusant de trouver à Mohamed Hadfi la moindre circonstance atténuante. « Ce qu’il a fait à Samira, c’est pire que la mort, c’est la mort à chaque seconde, c’est une souffrance de tous les jours, c’est sans fin, c’est sans solution, a lancé l’avocate nîmoise. Quand j’ai rencontré Samira Bari, c’était le 10 juillet 2003, un peu plus d’une semaine après les faits. Elle avait deux tampons blancs sur les yeux, je crois que je n’ai jamais ressenti autant de détresse chez quelqu’un… C’est une chic fille Samira, elle ne méritait pas ce qui lui arrive, elle ne méritait pas non plus ce nouveau procès, cette nouvelle torture et tout ce qu’elle a entendu. Elle ne méritait pas d’entendre que même ses cris de souffrance, on les nie ! Aujourd’hui, on vous dit que ce jour là, il n’est plus en lui-même, que le cerveau ne commande plus, on va peut-être même vous dire ‘crime passionnel’. Comédie, cinéma, montage, mensonge ! Cet acte qui n’est en rien une fulgurance, comme on vous le répète, il a au moins été préparé par la déréliction du mariage et ce n’est pas un hasard s’il est annoncé avant d’être exécuté. Et il en est tellement conscient, Mohamed, que sa fuite est impeccable« .
Et enfin : « on va vous dire aussi qu’après tout elle est vivante, qu’après tout elle a refait sa vie… Qu’il y a bien des aveugles qui trouvent la force de vivre quand même. C’est vrai, sauf que Samira, elle n’est pas aveugle de naissance ou par accident, elle est aveugle parce qu’un salopard lui a enfoncé ses index dans les yeux et a tiré si fort qu’il a arraché les nerfs optiques. Ce n’est pas un acte d’amour, ça, c’est évidemment un acte de haine…«
Une dizaine de policiers avait été mobilisée pour le verdict tant la cour craignait que la tension palpable pendant tout ce procès entre les deux familles ne dégénère en pugilat. C’est finalement dans le calme que Catherine Gay-Julien a pu énoncer, à une heure du matin, dans la nuit du mercredi 27 au jeudi 28 janvier, le résultat des délibérations, qui auront duré plus de quatre heures. Chacun a pu y trouver son compte, semble-t-il.
Mohamed Hadfi voit sa peine réduite de dix ans, Samira Bari estime que l’essentiel était bien qu’une peine de sûreté soit prononcée, que le temps est venu enfin de tourner la page. De tenir pour vrai le conseil que lui glissait à l’oreille le vice-procureur à l’heure de quitter la salle d’audience, « si vous voulez le punir, Samira, il faut vivre« .
Source: laprovence.com