
Peut-être que l’interprétation du Coran serait désormais enseignée dans les écoles d’Oxford, et que ses chaires démontreraient à un peuple de circoncis la sainteté et la vérité de la révélation de Mahomet.Gibbon (Déclin et Chute de l’Empire romain, 1788)
L’égalitarisme universaliste, dont ont jailli les idéaux de la liberté et d’une vie collective dans la solidarité, la conduite autonome de la vie et de l’émancipation, la moralité individuelle de la conscience, les droits de l’homme et la démocratie, est l’héritage direct de l’éthique judaïque de la justice et de l’éthique chrétienne de l’amour. Cet héritage, essentiellement inchangé, a été l’objet d’une appropriation et d’une réinterprétation critiques continuelles. A ce jour, nous n’avons aucune autre option. Et à la lumière des défis courants d’une constellation postnationale, nous continuons à nous nourrir de cette source. Tout le reste n’est que du bavardage post-moderne.Jürgen Habermas (1999)
Une société musulmane juvénile au sud et à l’est de la Méditerranée se prépare à coloniser – le terme n’est pas trop fort – une Europe sénescente (…) Ce que seront les conséquences de ces changements est très difficile à dire. Une islamicisation rampante d’une chrétienté décadente est un résultat imaginable: alors que les vieux Européens deviennent encore plus vieux et leur foi religieuse encore plus faible, les colonies musulmanes dans leurs villes deviennent plus grandes et plus ostensibles dans leur observance religieuse. Un retour de bâton contre l’immigration par la droite économiquement néanderthale en est un autre: des électorats vieillissants se tournent vers des démagogues qui offrent des frontières étanches sans expliquer qui exactement va payer les pensions et les soins de santé. Ni ne pouvons-nous éliminer la possibilité d’une fusion heureuse entre des musulmans de deuxième génération rapidement secularisés et leurs voisins post-chrétiens. D’ailleurs, nous pourrions bien nous retrouver avec les trois à la fois: situation 1 en France, situation 2 en Autriche, et situation 3 en Grande-Bretagne. Niall Ferguson
L’Europe peut-elle rester la même avec en son sein des peuples différents ? Caldwell est à ma connaissance le premier à poser la question dans toute son étendue et dans toute sa complexité. (…) L’Europe avait-elle vraiment besoin de tous ces immigrés ? L’argument “capitaliste” est que cette main-d’œuvre a sauvé beaucoup d’industries. En fait c’était des industries condamnées. L’immigration a retardé les gains de productivité, et au prix de coûts latéraux dont le calcul n’a jamais été fait. L’argument “socialiste” est que le rajeunissement général provoqué par l’immigration, avec son taux élevé de natalité, a permis de sauver le Welfare State. Mais il est devenu évident qu’elle ponctionne ce Welfare State plus qu’elle ne lui apporte. Il est donc facile de réfuter ces deux arguments. Mais si on ne le fait pas, si on n’ose pas le faire, c’est à cause du second problème : la difficulté que rencontre l’Europe avec l’islam. Alain Besançon
Peut-on avoir la même Europe avec différentes personnes? Pourquoi l’immigration massive s’est-elle produite quand si peu de personnes le voulaient réellement ? Les immigrés veulent une meilleure vie mais combien d’entre eux veulent une vie européenne ? Pourquoi la fierté ethnique des minorités est-elle une vertu et un nationalisme européen une maladie ? Le politiquement correct est-il autre chose que de la crainte déguisée en tolérance?
Bien sûr que des minorités peuvent modeler un pays. Elles peuvent même conquérir des pays. Il y avait probablement moins de Bolcheviks en Russie en 1917 que d’islamistes en Europe aujourd’hui.
Si la diffusion de la cuisine pakistanaise est la plus grande amélioration de la vie publique britannique au cours du demi-siècle passé, il est également à noter que les bombes utilisées pour les attaques déjouées des transports en commun de Londres du 21 juillet 2005 avaient été faites à partir d’un mélange de peroxyde d’hydrogène et de farine pour chapati. Christopher Caldwell
Cuisine ethnique, diversité culturelle, émeutes raciales, tension sociale, attentats …
Et si la cuisine, ça pouvait aussi servir à faire la guerre?
Au lendemain du désormais traditionnel rituel d’incinération de nos voitures tandis que nos belles âmes font tout leur possible pour interdire le débat sur l’identité nationale et donc sur la place de l’immigration en France …
Et que, fidèle à ses habitudes de girouette idéologique (que ne ferait-il pas pour prendre une énième fois la gauche à contre-pied ?), notre Sarko national nous ressort le droit de vote des étrangers …
Retour, avec Michel Gurfinkiel, sur l’important ouvrage sorti en mai dernier du journaliste américain Christopher Caldwell concernant la vague d’immigration musulmane sans précédent que l’Europe connaît depuis la guerre (“Réflexions sur la Révolution en Europe”).
Et qui, paraphrasant le titre de la célèbre critique de la Révolution française par le père du (néo)conservatisme anglo-américain Edward Burke (n’avait-il pas précédemment pris la défense des “colonisés” tant irlandais qu’américains ou même indiens?), a le mérite de pointerla véritable révolution que cette immigration est en est train d’imposer à une Europe minée à la fois par sa perte des valeurs et sa propre démographie en chute libre.
Montrant, contre la bien-pensance habituelle, que cette immigration n’était ni inévitable ni nécessaire (elle a surtout servi à maintenir à flot des industries dépassées), il rappelle aussi, comme on l’ a vu avec les récentes manifestations contre l’offensive israélienne de Gaza, leretour de l’antisémitisme et de la violence qu’elle favorise.
Comme la tentation de nos dirigeants d’en rendre à nouveau les Juifs responsables de par leur refus de négocier leur propre disparition comme prétendue seule solution du conflit israélo-palestinien …
Europe/ La Révolution par l’immigration
Le journaliste américain Christopher Caldwell enquête sur l’immigration islamique en Europe. Un chef d’œuvre. Et un signal d’alerte.
Michel Gurfinkiel.
Mercredi 20 mai 2009
Edmund Burke avait été, à la fin du XVIIIe siècle, l’un des chefs du parti libéral anglais, les whigs. A ce titre, il avait pris le parti des catholiques irlandais contre leurs maîtres protestants, celui des Insurgents, les rebelles américains, contre la Couronne, et enfin celui de l’Inde contre la colonisation. Mais le même Burke devint, après 1789, l’un des adversaires les plus résolus de la Révolution française, et surtout son premier adversaire intellectuel d’envergure, alors que les autres libéraux avaient tendance à l’approuver et à la soutenir. Dans une série d’essais publiés entre 1790 et 1792, sous le titre général de Réflexions sur la Révolution en France, il devait s’en expliquer. Le nouveau régime continental, notait-il, était libéral et démocratique en théorie, mais despotique en pratique ; tout en invoquant la liberté, il la supprimait ; sous couvert de philosophie et de raison, il donnait libre cours à des pulsions destructrices. Il constituait donc une fraude – ou une perversion. Si bien qu’en le combattant, les vrais libéraux ne trahissaient pas leurs convictions, mais au contraire les défendaient.
Christopher Caldwell, un journaliste américain de renom, grand reporter au Weekly Standard, mais aussi éditorialiste au New York Times et au Financial Times, est peut-être le Burke de ce XXIe siècle qui commence. Il s’est mis de lui-même dans la filiation du grand whig en intitulant Réflexions sur la Révolution en Europe un livre récemment publié chez Penguin. Mais c’est surtout par le fonds qu’il soutient la comparaison. Comme Burke, Caldwell décrit une Révolution que les libéraux et autres esprits généreux – la gauche, en termes d’aujourd’hui – se croient forcés de soutenir. Comme lui, il conclut à un piège dangereux. La principale différence, c’est que la crise française des années 1790 était de nature politique et sociale ; tandis que la crise européenne actuelle se situe dans les domaines démographique, culturel et religieux. Il ne s’agit plus, comme voici deux cents dix ans, d’abolir les ordres privilégiés ou la monarchie, mais d’accélérer la substitution d’une population à une autre dans toute l’Europe, et donc d’une civilisation par une autre.
On l’aura compris, Caldwell parle de l’immigration non-européenne et de ses conséquences. D’autres auteurs s’y sont essayés depuis une trentaine d’années. Rares sont ceux qui ont pu se faire entendre. La force de Caldwell, c’est d’avoir mené une enquête particulièrement complète, dans tous les pays européens. Et d’avoir évité tout ce qui pourrait, de près ou de loin, s’apparenter au racisme. Il ne dénonce pas, mais observe, avec minutie. Ses conclusions ont d’autant plus de poids.
Selon lui, les immigrants ont été plutôt bien traités depuis les années 1950, et leur condition n’a cessé de s’améliorer. Partout où ils ont souhaité s’intégrer au pays d’accueil, ils ont pu le faire. Et enfin, là où ils ne l’ont pas souhaité, l’Europe n’a pris aucune mesure de rétorsion, mais au contraire cherché à s’adapter elle-même à cette nouvelle présence. Une telle capitulation constitue, a priori, un « mystère ». En fait, elle ne fait que refléter le collapsus démographique du continent (« un quart de la population a plus de 60 ans ») et les valeurs pacifistes et ultra-démocratiques qui ont prévalu après la Seconde Guerre mondiale.
Ce qui donne à cette évolution un tour alarmant, c’est que la plupart des immigrants, aujourd’hui, sont originaires de pays musulmans, et que l’islam se pense et se conduit en civilisation universelle et conquérante. Le refus d’intégration n’est donc plus une exception, mais la règle. Et la tolérance européenne facilite l’entrée massive de populations décidées à remodeler l’Europe à leur image. « On peut affirmer avec certitude que l’Europe ne sortira pas indemne de sa confrontation avec l’islam », note Caldwell. « A l’heure actuelle, c’est à l’islam et non à la civilisation européenne ou ses valeurs démocratiques que les immigrants accordent une légitimité politique… Ils acceptent les institutions européennes dans la mesure où celles-ci ne freinent pas l’expansion de l’islam. Ils les rejettent quand elles deviennent un obstacle. »
Caldwell consacre plusieurs pages de son livre à l’avenir des Juifs européens. Sur ce sujet comme sur les autres, on ne peut qu’admirer sa lucidité. Il observe que pour beaucoup de musulmans, l’antisémitisme, y compris sous ses formes négationniste et néo-nazie, est « un moyen commode de participer à la culture européenne sans s’intégrer ». Il redoute aussi ce qu’il appelle « la tentation du bouc émissaire » : plutôt que de se mesurer à telle ou telle forme de violence islamique, de nombreux responsables européens affirment que celle-ci cessera, ou baissera en intensité, « quand le conflit israélo-palestinien sera résolu ». Ce qui revient à offrir aux Juifs un choix « horrible » : abandonner leurs frères israéliens ou être considérés comme les vrais responsables d’atrocités éventuelles commises sur le sol européen.
Lu sur: http://jcdurbant.wordpress.com/